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Anarchie n°8

Ni dieu, ni maître !

Le jeudi 15 avril 2004

Dans notre société, Dieu (ou plutôt les différents dieux) et la religion sont toujours présents. Les églises n’ont peut-être plus le même pouvoir qu’autrefois, mais elles sont loin d’avoir perdu tout rôle dans la société. Au travers d’organisations humanitaires, du scoutisme, de journaux... elles diffusent leurs messages. Leur emprise sur le territoire est encore très forte, il y a au moins un lieu de culte par commune, des centaines de milliers de personnes vont toujours écouter « la parole de Dieu » , des millions croient en Dieu.

La lutte contre la religion, le cléricalisme est donc toujours aussi nécessaire et autant d’actualité.

Dieu ?

Toutes les religions reposent sur la croyance en Dieu, idée sans fondement.
L’existence ou la non-existence de Dieu est une question qui sort de la sphère du rationnel. Aucune preuve tangible n’appuie l’une une l’autre de ces thèses. Partant de là toute religion - en tant qu’ensemble de croyance et de dogme définissant le rapport de l’homme à Dieu et au sacré - n’est fondée sur rien. D’où la possibilité de faire dire à Dieu tout et son contraire ; pour les uns manger du porc ou prendre le bus le samedi est une faute, pour d’autres non.

Dogmatisme

Toute religion affirme mais ne prouve rien ; c’est la source de son dogmatisme. Lorsque la science va à l’encontre des dogmes, les différentes confessions la combattent. C’est ainsi que nombre de chrétiens défendent la thèse selon laquelle l’Univers a été créé comme cela est écrit dans la Bible, et refusent l’enseignement de la théorie de l’évolution. De même, dans certains états des Etats-Unis, l’enseignement de la théorie créationniste a été rétablie.

L’institution religieuse

Ce qui est socialement le plus néfaste, ce n’est pas tant la croyance que la religion qui en découle, avec son cortège de préceptes, d’obligations, de règles... Dans la quasi-totalité des courants religieux, la promesse d’une vie après la mort tient une place centrale. Et l’acceptation de la souffrance « en ce bas-monde » pour accéder au paradis (christianisme), le renoncement à tout (bouddhisme)... engendre une acceptation du monde tel qu’il est, annihilant les volontés individuelles et collectives de changement de la société et de notre environnement en général.

Pourquoi chercher à changer la société pour mieux vivre si un paradis nous attend ? Et surtout, si plus on souffre, plus on a de chance d’y accéder ? Ce serait aller contre les épreuves qui nous viennent de Dieu.

Eglises et pouvoir

Parallèlement à cela, les différentes institutions religieuses ont la fâcheuse tendance à se positionner dans le camp des puissants, dans le camp du conservatisme, quand ce n’est pas celui de la réaction.

On ne peut pas dire que la papauté ait pris clairement position contre le régime nazi tant qu’il existait, ni que l’Eglise orthodoxe ait fait autre chose que de s’accommoder du régime dictatorial en URSS. Et lorsque pouvoir politique et institution religieuse sont confondus, c’est toujours une dictature ; toute les théocraties actuelles et passées en ont été, de l’Arabie Saoudite actuelle au Tibet quand il était sous la coupe des lamas.

Embrigadement

Pour que de tels agissements puissent exister et se perpétuer, toute institution religieuse, à l’image des pires régimes, fait un effort important d’embrigadement et ce, dès le plus jeune âge. L’enseignement religieux envers un enfant entre nécessairement dans le cadre d’un processus autoritaire : l’enfant croit ce que l’adulte lui dit, et ce d’autant plus que la religion ne repose sur rien de rationnel. L’enfant est incapable d’émettre un regard critique sur la religion, et c’est bien pour cela que la philosophie, qui demande une grande capacité d’abstraction, n’est enseignée qu’à des élèves majeurs ou près de l’être. Et qu’y-t-il de plus abstrait que Dieu ?

Religion et sexisme

Autre élément rassembleur dans toutes les religions : le patriarcat (domination masculine, sacralisation de la famille, homophobie...). Les religions sont une construction psychologique et sociale ancienne pour ne pas dire arriérée, ayant notamment pour fonction d’expliquer le monde (la nature, l’univers, la société...). Le patriarcat est la norme de toute société traditionnelle, les religions l’ont donc toutes intégré comme un dogme, une volonté de Dieu de faire les hommes supérieurs aux femmes, en leur attribuant des rôles spécifiques. Cette caractéristique se retrouve aussi dans le personnel religieux où les hommes dominent très largement quelle que soit la religion. Les différentes religions refusent aux femmes la maîtrise de leur corps : dans l’encyclique papale de 1995 Evangelium Vitae « la contraception et l’avortement sont des maux »

Laïcité

Maintenant qu’on ne se trompe pas sur notre position. Si nous refusons qu’une religion cherche à imposer ses dogmes, nous ne pensons pas qu’il faille empêcher les individus de croire ou de pratiquer leur religion : nous n’avons pas pour projet de pendre tous les croyants. La croyance est quelque chose de personnel ; elle doit donc rester dans la sphère privé et pas au de-là. En revanche, nous pensons qu’il est essentiel de lutter contre toute forme de religion et plus largement contre les croyances (astrologie, cartomancie, etc). L’individu doit être en mesure de comprendre le monde et d’agir de façon rationnelle. Croire, c’est avant tout croire quelqu’un d’autre (curé, imam, pasteur, lama, rabbin, astrologue, catéchiste...), c’est se laisser dicter ses choix, c’est se donner un maître.

Ni dieu, ni maître !


La situation en Alsace-Moselle

En 1802, le pape et Bonaparte signaient un concordat régissant les relations entre l’Eglise et l’Etat.

En 1905, pendant que l’Alsace et la Moselle étaient territoires allemands, la France a abrogé ces lois avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

En 1918, au moment de la réintégration des trois départements, le Concordat a été conservé.
Ce dernier accorde un statut privilégié au catholicisme, au protestantisme et au judaïsme.

Dans la pratique, le concordat c’est notamment :
- la confusion des biens de l’Etat et des églises ;
- l’enseignement obligatoire (sauf demande de dispense) de la religion par des représentants des trois clergés dans les écoles publiques, payés sur fonds publics ;
- le paiement des curés, rabbins et pasteurs avec l’argent public ;
- le blasphème est un délit...

Ce concordat n’a pas de raison d’être : l’école publique ne doit pas servir à embrigader, mais à rendre libre.

Pourquoi les non-croyants paieraient-ils les salaires des curés, rabbins et pasteurs ?

Si les croyants veulent que leurs religieux vivent des messages de l’au-delà, qu’ils paient eux-mêmes ! ?

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