Accueil > Tracts > Chirac, c'est "le bruit et l'odeur" ; le Pen, c'est "le (...)
  •   |   {id_article}  |  
      |  
  • Article

Votre gueule de bois d’aujourd’hui, nous rappelle votre indifférence d’hier.

Chirac, c’est "le bruit et l’odeur" ; le Pen, c’est "le bruit et le führer".

Le samedi 27 avril 2002

Dimanche soir, le fascisme pour beaucoup était subitement réapparu. Pourtant, les partisans du fascisme étaient à côté d’eux, c’était leurs voisins, leurs collègues... Beaucoup ont eu comme réaction de dire "j’ai honte" et de manifester. Mais qu’ont-ils fait avant ? C’est tous les jours qu’il faut lutter contre ces idées-là, c’est tous les jours qu’il faut se battre pour une société plus juste, réellement démocratique pour que les causes profondes de la montée de l’extrême-droite disparaissent. Ce n’est pas en soutenant ceux-là même qui ont nourri le fascisme et qui s’en servent que l’on va y réussir. L’important, ce n’est pas le vote du 5 mai, c’est la lutte quotidienne.

SMASH

Votre gueule de bois d’aujourd’hui,
nous rappelle votre indifférence d’hier

Dimanche soir, on aurait pu croire que le fascisme renaissait de ses cendres et qu’il faisait un bond décisif vers le pouvoir. Pourtant, les fascistes étaient tout aussi nombreux le 20 que le 21 avril, mais à force de fermer les yeux et de penser que la scission FN/MNR les avaient fait disparaître... Les milliers de personnes qui aujourd’hui manifestent doivent voir leur propre responsabilité : que faisaient-elles hier contre le fascisme ? Que feront-ils demain ? Nous n’étions que quelques dizaines il y a deux mois pour manifester contre la rencontre unitaire entre les différents courants d’extrême-droite présents en Alsace. Nous aurions aimé que les milliers de manifestants d’aujourd’hui soit à nos côté. La lutte contre le fascisme est de tous les instants.

Montée de l’extrême-droite, pourquoi ?

Pour réagir contre la montée de l’extrême-droite, il est indispensable de s’interroger sur ses causes. Et nous en voyons principalement deux. Le discrédit des actions économiques et politiques des gouvernements successifs, et la surenchère démagogique autour de l’insécurité.

Chirac, c’est "le bruit et l’odeur".
Le Pen, c’est "le bruit et le führer".

« Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. C’est peut-être vrai qu’il n’y a pas plus d’étrangers qu’avant la guerre, mais ce n’est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d’avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d’avoir des musulmans et des Noirs. » [...] « Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler... si vous ajoutez le bruit et l’odeur, hé bien le travailleur français sur le palier devient fou. Et ce n’est pas être raciste que de dire cela. »

Qui a déclaré cela ? Le Pen ? Non, Chirac le 19 juin 1991 à Orléans. Cette déclaration montre que le danger est moins dans l’arrivée au pouvoir des fascistes catalogués comme tels que de leurs idées. Les lois sécuritaires de septembre 2001, la focalisation sur l’insécurité (la "Tolérance zéro"), les termes du type "le problème de l’immigration", les expulsions d’immigrés sans-papiers... ne sont pas le fait du FN, mais bien de la gauche et de la droite.

L’insécurité...

L’insécurité, c’est le vrai terreau de l’extrême-droite. Pas celle qui nous est rabâchée par les médias, mais celle qui touche le sens de nos existences : le chômage, la précarité, l’angoisse permanente de ne pas savoir si on aura un boulot demain. Celle de se retrouver à l’écart d’une société qui valorise au-dessus de tout la consommation.

... et ses responsables

De cette insécurité, les politiques de la droite et de la gauche gouvernementale en sont responsables. Aussi, il est inacceptable qu’ils se parent des habits de l’antifascisme. On ne peut pas reprendre les idées du FN et se poser en rempart contre lui. On ne peut pas mener des politiques antisociales qui creusent les inégalités et s’étonner que certains se jettent sur le premier qui leur promet de les sauver.

On ne sauvera pas cette fausse démocratie !

Il nous faut dépasser l’horizon de cette "démocratie" qui mène droit dans le mur. Car quelle aberration que de croire qu’une démocratie puisse se résumer à mettre un bout de papier dans une boite tous les 2-3 ans ! Une vraie démocratie c’est une participation active, quotidienne, de tous aux décisions importantes qui nous concernent. C’est la participation de tous aux débats essentiels, pour que chacun puisse faire entendre sa voix.
Aujourd’hui toutes ces décisions, tous ces débats, ont lieu à huis clos dans les conseils d’administrations et dans les cabinets ministériels. Alors, cette "démocratie" là, celle du pouvoir des actionnaires et des nantis, on ne veut pas la sauver, on la combat.

Que faire ?

Pour nous, l’important ce n’est pas de voter le 5 mai, car c’est tous les jours qu’il faut combattre le racisme, l’antisémitisme et le fascisme. Ce combat est perdu d’avance si on croit faire son devoir de citoyen juste en votant ou en manifestant de temps en temps.
C’est quotidiennement que nous devons nous battre pour avoir la maîtrise de nos vies, pour que la société soit plus juste, plus égalitaire, plus libre.

Alors le 5 mai, nous ne choisirons pas entre "le bruit et l’odeur" et "le bruit et le führer". Nous avons déjà choisi entre la "démocratie" des puissants et une société réellement démocratique, autogérée et égalitaire.

Suivre la vie du site RSS 2.0 | SPIP | Mgs MGS | Fédération Anarchiste FA