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Sortons du nucléaire !

Histoire d’un blocage...

Le décembre 2001

Le mercredi 5 décembre, un nouveau convoi de déchets radioactifs (le onzième) est passé par Strasbourg en direction de l’usine de retraitement de La Hague. Une nouvelle fois le groupe de Strasbourg de la Fédération Anarchiste a participé à l’action de blocage. Cette fois-ci, en plus du traditionnel rassemblement, deux groupes étaient prêts à stopper le train. Malgré une intervention violente de la police sur le premier groupe qui empêcha ce dernier de s’enchaîner, le second groupe, composé en grande partie des membres de la B.@N.AN. (Brigade Anarchiste AntiNuclaire), a tout de même réussi à bloquer le train pour la troisième fois.

Agir localement...

En effet, depuis le début de l’année, les transports de déchets ont repris entre l’Allemagne et la France. Nous avons alors décider de réagir en créant dans un premier temps la B.@N.AN. La lutte contre le nucléaire n’étant pas spécifique aux anarchistes, nous avons initié la création de la coordination « Stop Transport - Halte au Nucléaire » regroupant Greenpeace, les Verts, la LCR...
Après de simples manifestations le long des voies lors des passages des castors, l’idée des blocages symboliques s’est rapidement imposée. Grâce à l’expérience de certains militants écologistes et à l’envie d’autres militants, plusieurs tentatives de blocages ont été menées. Nous avons ainsi réussi à bloquer le convoi du 1er août pendant près d’une heure et à mobiliser de nombreux habitants des quartiers traversés par les castors.
Ces victoires médiatiques ont été accompagnées pour nous, membres et sympathisants de la B.@N.AN., de succès "idéologiques". Par notre travail sur le terrain et auprès des autres organisations, nous sommes parvenus à faire passer certaines de nos idées au sein de la coordination. Lors des premiers rassemblements, les slogans fustigeaient le passage des convois en Alsace. Aujourd’hui la coordination a repris à son compte le mot d’ordre que nous lancions dès le départ : "En Alsace comme ailleurs, non au nucléaire !". Nous avons également infléchi la position de la coordination sur un autre point qui nous paraît essentiel : manifester également lors du retour des déchets "retraités" en Allemagne. Certains membres de la coordination étant alors heureux de voir repartir ces déchets hors de nos frontières. Mais l’atome ne connaît pas de frontières. De plus le transport des déchets représente un accroissement de risque de contamination, surtout qu’ils circulent en zones urbaines sans que les populations n’en soit averties : un château de déchets représente 10% de l’inventaire radioactif d’une centrale, soit des millions de milliards de becquerels. Même lors de leur retour, les déchets demeurent dangereux. Quelque soit le sens de circulations des déchets, nous devons manifester notre opposition au nucléaire. Dorénavant, les actions sont organisées à l’aller comme au retour des castors.

... Penser globalement !

Malgré ses premiers succès, la B.@N.AN. sait qu’il reste du chemin à parcourir pour faire avancer notre point du vue libertaire sur le sujet.
Nous pensons nécessaire de mettre en rapport la lutte antinucléaire et la lutte anticapitaliste. L’industrie du nucléaire n’est pas différente des autres industrie. Elle répond aux même exigences de rentabilité et de profits ! La France exporte son électricité, sa technologie, des centrales "clefs en main". L’armée récupère, quant à elle, l’uranium de la filière pour son armement.
La France représente une exception : elle est la seule à avoir miser sur le "tout nucléaire". Cette politique dangereuse à court terme (un accident ou un acte terroriste demeure possible) comme à long terme (la durée de demi-vie du plutonium produit dans les réacteurs est de 24 000 ans !) empêche aussi une sortie immédiate du nucléaire. Si nous avons besoin de centrales nucléaires, c’est que nous sommes actuellement incapables de produire l’électricité autrement. Afin de sortir le plus rapidement de l’âge nucléaire, il faut dans un premier temps construire des centrales de remplacements (gaz, charbon) et d’investir massivement dans la recherche sur les énergies alternatives. C’est par la multiplication des alternatives que nous réussirons à contourner le (quasi)monopole nucléaire. Les spécificités de chaque "région" devraient aussi être prises en compte : les énergies solaire ou éolienne n’auront pas la même efficacité partout. Nous affirmons donc notre opposition à toute construction de nouvelles centrales nucléaires, ainsi qu’au prolongement de la durée de vie de celles qui existent. Malheureusement, aujourd’hui les crédits de recherche vont quasi-exclusivement au nucléaire.
Nous devons également mettre en avant un autre moyen de sortir du nucléaire : rationaliser notre consommation d’énergie. Nous consommons trop d’électricité, trop d’énergie. D’une part, nous pouvons à notre niveau être plus attentif au gaspillage : éviter de laisser un appareil électrique en veille, éteindre les lampes en sortant d’une pièce, mettre un pull plutôt que d’augmenter le chauffage... D’autre part, les concepteurs et constructeurs d’appareils électroménagers ou des machines pour l’industrie devraient être plus attentifs à la consommation engendrée par leurs produits. Il faut donc remettre en cause notre système économique (le capitalisme) qui pousse à la consommation (de toute sorte) en la présentant comme un moyen d’accomplissement de soi. La fabrication et l’utilisation de produits entraînent une consommation d’énergie, notamment d’électricité.
L’Etat doit aussi être dénoncé car il empêche, comme à son habitude, toute prise en main des problèmes par la population. Les dits "citoyens" n’ont pas accès aux éléments indispensables à la compréhension de la situation, ni évidemment à un quelconque pouvoir décisionnel en matière énergétique. Ce n’est pas l’apparition d’écologistes au gouvernement qui pourra inverser la politique de la France. Le problème dépasse largement la question du nucléaire, qui ne peut être envisagée comme coupée du reste du système.
Enfin, il est indispensable de poser la question des déchets qui, même si nous sortions de l’âge nucléaire rapidement, resterait entière.

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