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France - Rwanda 1994

Complicité de génocide

Le avril 2002

D’avril à juillet 1994, le Rwanda connaissait l’un des génocides les plus sanglants du siècle : près d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants massacrés en l’espace de quelques semaines parce qu’ils étaient, soit des Tutsi, soit des Hutu considérés comme des traîtres. La responsabilité de la France dans la mise en ?uvre de cette "solution finale" est incontestable [1]. Pour le comprendre, il faut prendre en compte l’ensemble de la politique africaine de la France.

Politiques coloniales

Les dirigeants français ne se sont jamais résolus à la perte de l’empire colonial, et particulièrement en Afrique. La période des indépendances qui suivit la seconde guerre mondiale à marqué le début d’une nouvelle façon d’intervenir en Afrique. Les dirigeants Français installent partout ou ils peuvent des régimes corrompus mais fidèles à la France. Depuis quarante ans, cette politique vise à exploiter les ressources naturelles et géopolitiques des pays francophones. Tous les moyens sont bons, en particulier lorsque d’autres puissances menacent d’empiéter sur ce qu’ils considèrent être leur pré carré [2].

Au Rwanda, la France avait trouvé un allié. Petit pays, sans grandes ressources naturelles, mais stratégiquement situé à coté du géant zaïrois au sous-sol bien fourni.

Origines du génocide

Les Belges, anciens colonisateurs s’étaient appuyés sur une politique artificielle [3] de différentiation ethnique entre Tutsi et Hutus : c’était diviser pour régner. Le soutient belge va basculer dans les années 50 au profit des Hutus. En 1959 commencent les premières émeutes ethniques contre les Tutsi. Les dirigeants successifs joueront la carte ethnique, attisant les haines pour mieux se maintenir au pouvoir. Les pogroms se poursuivront, en 1962, 1963, 1973 ? créant un flot de réfugiés. De cette diaspora est née le Front Patriotique Rwandais (FPR), décidé à obtenir le droit de retour des exilés tutsi et l’instauration à Kigali d’un régime démocratique. Mais le régime corrompu du général Juvénal Habyarimana refuse tout compromis et continue à attiser les haines ethniques.

Soutien français

En 1990 le FPR tente de renverser par les armes le président Habyarimana. Mais la France ne va pas tolérer une remise en cause de son hégémonie dans ce qu’elle considère être son pré carré. Avec plusieurs centaines de parachutistes, des hélicoptères, des instructeurs militaires, la France arrêtera l’offensive du FPR. A nouveau, en 1993, à peine un an avant le génocide, alors que des massacres de Tutsi ont déjà lieu, la France enverra au moins 680 militaires, arrêtant le FPR aux abords de la capitale. Mais la pression internationale augmente, et le régime Rwandais est poussé à signer les accords d’Arusha, prévoyant le multipartisme et l’intégration du FPR dans l’armée nationale. Mais ces accords n’arrangent ni la France, qui voit remise en cause son influence, ni les extrémistes Rwandais [4] [5] qui craignent l’abolition de leurs privilèges et le partage du pouvoir. La machine du génocide est mise en route.

L’horreur absolue

Le 6 avril 1994 le président Habyarimana est abattu dans son avion. Au même instant commence le génocide. Il s’agit d’un vrai génocide, planifié, préparé, organisé. Les listes de noms des gens à abattre en priorité circulent. Les radios et journaux du génocide, qui pendant des années ont attisé les haines, appellent maintenant la population Hutu à « travailler », à se débarrasser des « cafards » (les Tutsis). Les milices Interhamwe, qui ont été entraînés par des instructeurs français, guident la population, installent partout des barrages filtrants. Seuls les Hutus passent les barrages vivants. Femmes, enfants, vieillards, tous y passent. Face à l’horreur , le 8 avril le FPR passe a l’offensive. Une fois de plus, ignorant le contexte dramatique, la France s’oppose, et soutient l’armée génocidaire. Sous le prétexte humanitaire, la France monte l’opération turquoise. Cette opération militaire, très médiatisée, va en fait permettre à l’armée Rwandaise de se recomposer, et aux responsables du génocide de s’enfuir.

- A lire aussi : Michel Stibon, Un génocide sur la Conscience, Ed. L’esprit Frappeur

Notes :

[1Mehdi Ba « Rwanda : Un Génocide Français » L’esprit Frappeur

[2Francois-Xavier Verschave « La Françafrique » Stock

[3« Hutu, Tutsi et Twa parlent la même langue, ont une culture identique, pratiquent les mêmes religions et ont toujours vécu les uns parmi les autres » Dominique Franche « Rwanda. Généalogie d’un génocide » Milles et une Nuits, 1997

[4Habyarimana qualifie les accords d’Arusha de « chiffon de papier »

[5Le colonel Bagosara, cousin du président, déclare en quittant Arusha : « Je rentre [à Kigali] pour préparer l’apocalypse »

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  • colonialisme

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