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Fribourg (Allemagne)

Do it yourself - activist & anarchist convention (5) : Une convention anarchiste marquée par la répression

Le dimanche 20 août 2006

Unités spéciales pendant la manif RTS (photo ; Antifa Freiburg)

(Article paru dans le Monde Libertaire )

Du 26 au 30 juillet a eu lieu à Fribourg une convention anarchiste, Do it yourself - against the State, à laquelle nous avons pris part. Pendant ces quelques jours, des ateliers, débats, concerts, devaient avoir lieu. Les participants étaient venus de toute l’Europe échanger idées et expériences sur différentes luttes et promouvoir les idées autogestionnaires. Les activités étaient réparties sur divers lieux, mais la plupart se déroulaient au KTS, le centre autonome de Fribourg. Un certain nombre de participants étaient venus avec leurs tentes, et avaient pu s’installer sur un terrain en périphérie de la ville, autour du campement des « Schattenparker », des gens vivant dans des camions aménagés.

La première journée fut en grande partie consacrée à l’accueil des arrivants et à l’installation sur le campement. Le premier soir, deux cuisines autogérées (végétaliennes) servaient des repas aux participants. Après le repas, diverses présentations ainsi que des concerts ont eu lieu au KTS. Le lendemain, activités et ateliers se sont succédé.

Incidents avec la police

Tard dans la nuit du 27 au 28, des incidents ont opposé des participants à la police. Les flics ont arrêté un tagueur dans la rue en contrebas du centre autonome. Une centaine de personnes sont descendues pour tenter de s’opposer à l’arrestation. Dans l’affrontement qui a suivi, un policier a été grièvement blessé. Un peu plus tard, des unités anti-émeute ont bouclé tous les accès au centre autonome, ainsi que les rues adjacentes. Toute la nuit, il a été impossible de quitter les lieux sans se soumettre à un contrôle d’identité très poussé : prise de photos et même d’empreintes, semble-t-il. La grande majorité des militants ont alors décidé de rester au centre autonome.

Répression policière

Au petit matin, vers 6h30, les policiers sont entrés sur le terrain du centre autonome et l’ont encerclé. Pendant une bonne demi-heure, l’éventualité d’une entrée en force ne semblait pas à exclure. Après une heure, les médias locaux ayant été prévenus et suite à l’intervention d’une avocate, la police a accepté de se retirer et de laisser partir les gens sans les contrôler.

Durant l’après-midi, le campement, qui était pourtant toléré, a été à son tour encerclé par la police, qui l’a fait évacuer. Les rues adjacentes étaient bloquées à la circulation, et investies par des unités spéciales venues en renfort de la caserne de Göppingen. Le déploiement policier était important, probablement quelques 400 policiers sur place ainsi que ceux stationnant plus loin, bien à l’écart des regards. Un hélicoptère survolait l’emplacement du camp... Ceux qui voulaient sortir du camp ainsi que ceux qui voulaient récupérer leurs affaires ont dû se soumettre à un contrôle d’identité et se sont vu notifier l’obligation de quitter la ville sous peine d’être arrêtés jusqu’au lundi.

La manifestation festive « Reclaim the Street » prévue le samedi a été maintenue malgré la volonté manifeste des autorités locales d’empêcher dès le départ le déroulement de la convention. Cette manifestation, bien que pacifique, a été réprimée violemment. Le centre-ville a été complètement bouclé afin d’empêcher toute action. Malgré cela, des militants ont réussi à converger vers le centre-ville en évitant les grands axes, et même en traversant une rivière(!) Les manifestants, ainsi qu’un certain nombre de passants, se sont fait encercler à plusieurs reprises. De nombreuses personnes ont été arrêtées, ou ont reçu des injonctions de quitter la ville. Des violences policières, faisant de nombreux blessés, ont été signalées. Le dimanche, la convention a été clôturée par un concert et par diverses actions.

Attitude des autorités vis-à-vis des autonomes

Tout cette affaire a finalement fait grand bruit à Fribourg, tant dans les médias locaux qu’au niveau politique. Le maire, M. Salomon, honorable élu du parti « Bündniss 90 Die Grünen » (les Verts), s’est soudainement retrouvé sous le feu des critiques. En effet, la presse locale, qui n’est pas vraiment réputée pour ses sympathies envers le mouvement autonome, a exprimé une certaine incompréhension devant l’intervention musclée et démesurée de la police lors de la manif du samedi. Elle soulignait même qu’on se serait cru revenu aux années 1970. La population de Fribourg s’est également montrée critique envers les agissements de la police et a exprimé sa solidarité. Remarquons encore que M. Salomon s’est retrouvé bien seul, les « jeunes verts » ayant condamné son attitude. Seuls les conservateurs du CDU ont apporté un soutien total à la police de Fribourg. Au conseil municipal, le maire a dû faire face à certaines questions gênantes et sa propre fraction a émis des réserves sur ses choix. La fameuse stratégie de la « désescalade » mise en avant par le maire de Fribourg et souvent citée en exemple semble définitivement avoir du plomb dans l’aile !

L’attitude répressive du maire s’inscrit dans la politique générale de durcissement à l’égard de la mouvance autonome dans le Bade-Wurtemberg. Depuis 1999, les centres autonomes de Stuttgart, Karlsruhe, Pforzheim et Heidelberg ont été expulsés car l’Etat sait pertinemment que ces centres structurent le mouvement autonome. Dans le « Land », seuls demeurent les centres autonomes de Fribourg et Mannheim

Contre la répression !

Preuve que le maire n’a pas réussi à museler les autonomes, le samedi d’après (le 5 août), quelques 500 personnes ont manifesté à Fribourg en suivant le mot d’ordre « Contre les violences policières et pour la liberté de circulation ». Des observateurs indépendants d’un comité pour le respect des droits de l’homme et des droits constitutionnels étaient venus de Cologne suite aux violences policières.
Comme à son habitude, la police avait massivement investi la ville et procéda à de nombreux contrôles avant la manifestation. Malgré la forte présence policière, quelques 500 personnes ont formé un cortège dynamique. La manifestation, qui a débuté vers 15h, a traversé tout le centre-ville, entourée de cordons de policiers. Pour informer les passants, le cortège s’est arrêté à de nombreuses reprises afin de faire passer à la sono des interventions. Celles-ci revenaient sur la répression qu’avait subie ces derniers jours la convention anarchiste ainsi que sur les violences policières.

La police n’apprécia que très moyennement cette manifestation non déposée (bien que cela soit courant à Fribourg) où elle ne trouva aucun responsable légal. En sortant du centre-ville, le cortège fut bloqué pour une bonne demi-heure. La police fit avancer sa camionnette sono face aux militants et exigea un interlocuteur. Les manifestants n’entendent pas se laisser faire et scandent : « Dégagez, dégagez ! ». Pour seule réponse, la police recevra une lettre attachée à un nounours et jetée du cortège, qui indique le parcours de la manifestation. Réponse de la police : « Merci pour la coopération, nous sommes d’accord avec le parcours ». Suite à ce petit face à face, la manifestation repart. La police, pourtant massée en grand nombre derrière le cortège, n’interviendra plus par la suite. Après être passé devant la gare et avoir fait une large boucle autour du centre ville, on rentre à nouveau au centre en empruntant les grandes rues commerçantes.

Après la lecture de quelques contributions au Rathausplatz (place de la mairie), la manifestation se termine. De petites délégations étaient venues de Berlin, Darmstadt, Gießen, Francfort, Mainz, Bremen, Hamburg, Toulouse, Strasbourg, Nancy, Paris, Genève, Bern, Zürich et Basel pour exprimer leur solidarité avec la convention anarchiste.

A l’automne 2007, le bail accordé au centre autonome par la compagnie des chemins de fer allemands arrive à échéance, et, suite aux événements que nous venons d’évoquer, il risque de ne pas être renouvelé. Si nous voulons maintenir l’un des deux derniers centres autonomes du Bade-Wurtemberg, soyons prêts à montrer à nouveau notre solidarité et notre détermination !


Cha & Olynx

(Fédération Anarchiste - groupe de Strasbourg)

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