De Sacco et Vanzetti ...

Il y a plus de 70 ans les Etats-Unis ont exécuté Sacco et Vanzetti, deux anarchistes, pour un crime qu’ils n’avaient pas commis. Il y a plus de 70 ans... On pourrait croire ces temps, où des individu-e-s qui osaient critiquer et se révolter contre le système étaient pourchassé-e-s et assassiné-e-s par l’Etat, définitivement révolus.

... à Mumia Abu Jamal,

Pourtant Mumia Abu Jamal, ancien membre des Blacks Panthers et journaliste radio, surnommé "la voix des sans voix", dénonçant les brutalités policières dans le ghetto de Philadelphie, croupit depuis 17 ans dans le couloir de la mort d’une prison de Pennsylvanie (USA) pour le meurtre présumé d’un policier blanc. Pourtant il n’a jamais cessé de clamer son innocence. Cela n’a pas empêché, malgré les preuves flagrantes d’irrégularités judiciaires lors de son procès, l’Etat américain de prononcer plusieurs ordres d’exécution à son encontre que seul un soutien international a permis de repousser.

La connivence du procureur Rendell et du juge Sabo avec un syndicat de police d’extrême-droite ainsi que le dossier de 700 pages du FBI consacré à Mumia Abu Jamal montre clairement la volonté de l’Etat de le neutraliser car " c’est la nature de ses écrits qui le rend dangereux et lui vaut de figurer sur la liste des personnes constituant une menace pour la sécurité nationale". Cela tend à faire de son procès celui d’un militant politique.

Le 13 octobre dernier, un ordre d’exécution pour le 2 décembre 1999 a été signé. Finalement l’exécution a été reportée à une date indéterminée.

Mumia risque donc toujours la mort légalisée.

L’ETAT ASSASSINE LEGALEMENT AUX ETATS-UNIS...

Cette peine de mort, que les Etats-Unis et de nombreux autres états n’ont toujours pas abolie, est pour nous un crime barbare.

Accepter la peine de mort, c’est dénier, de la manière la plus radicale qui soit, la liberté de l’individu. En effet : pas d’existence, pas de liberté ! La peine de mort ne laisse aucun espoir aux innocents et prive les coupables de la possibilité d’évoluer, cette capacité que porte en lui tout être humain, même ceux qui ont commis les actes les plus monstrueux.

La peine de mort ne résout rien, suivant les cas, elle sert soit d’alibi à l’élimination d’individus dangereux, par leurs idées et leurs actes, pour les gouvernants et les oppresseurs (c’est le cas des prisonniers politiques) soit d’exutoire à la colère et au désir de vengeance. Cette vengeance n’a jamais fait avancer quoi que ce soit.

... OFFICIEUSEMENT EN FRANCE.

Si la peine de mort est abolie officiellement en France cela n’empêche pas les forces de l’ordre d’abattre, dans une quasi-impunité, des jeunes, sans même se trouver dans une situation de légitime défense. Malik Oussekine, Youssef Kahif, et plus récemment Habib, à Toulouse, en ont fait les frais.

UNE JUSTICE DE CLASSE ET D’ETAT, RACISTE ET XENOPHOBE.

S’il n’y a pas d’amalgame à faire sur les méthodes employées qui ne sont pas forcément identiques , la même logique est à l’oeuvre en France, aux Etats-Unis et dans les autres Etats, même dits "démocratiques". La justice est complaisante avec les puissants, répressive envers les opprimés.

En France, la chasse au faciès, cette pratique discriminatoire et raciste, est encouragée à mots couverts dans une récente circulaire du Ministère de l’Intérieur par Chevènement. Dans son arsenal xénophobe, l’Etat Français dispose aussi de la double peine (prison+expulsion).

L’Etat ne s’attaque pas seulement à ceux qu’ils considère comme des étrangers et à ceux qui ont la peau trop colorée, ils répriment aussi les acteurs des mouvements sociaux : chômeurs, précaires, syndicalistes...

L’Etat révèle ainsi son vrai visage : une structure destinée à perpétuer la domination d’une minorité avide de pouvoir et de profit.

Pour tout cela, nous ne pouvons que soutenir Mumia Abu Jamal dans son combat. Mais au-delà, il nous paraît, à nous anarchistes, qu’une réelle justice n’est possible que dans une société qui serait pleinement libertaire, égalitaire, et solidaire.

Nous n’avons rien à attendre des soi-disants représentants du peuple qui ne représentent qu’eux-même ni de ceux qui exécutent leurs ordres. Le meilleur moyen de détruire ces injustices qui nous oppriment c’est de construire ensemble cette nouvelle société.

Contre l’Injustice, soyons solidaires envers Mumia Abu Jamal et tous ceux qui comme lui sont victime d’une justice de classe et d’Etat.