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Les Anars, des origines à hier soir (2)

AUX ORIGINES

Le 2000

Des refus essentiels

La lutte collective ou la lutte
isolée contre l’autorité définit l’essence même
de l’anarchisme, cette Autorité pouvant être aussi bien l’État
(contrainte politique) que le capital (contrainte économique)
ou la religion (contrainte morale). On n’est point surpris dès
lors de voir certains auteurs anarchistes découvrir dans les premiers
âges de l’humanité les précurseurs de l’Anarchisme.
L’existence de l’Autorité est en effet inséparable de l’existence
de tout groupe humain. Le rejet de l’autorité est un phénomène
très ancien. Lao-Tseu, six cents ans avant l’ère chrétienne,
notait dans son Livre de la voie et de la vertu : Plus les décrets
sont nombreux, plus la plèbe est pauvre. Plus il y a de lois, plus
il y a de larrons
.

Aux origines...

Vouloir intégrer dans
la "lignée anarchiste" tous les révoltés équivaut
à confondre l’histoire de l’anarchie avec l’histoire de l’humanité.
Dans cette perspective, la
révolte des esclaves et la Cité du Soleil imaginée
par les compagnons de Spartacus, comme les jacqueries et les mouvements
populaires (tel le mouvement communal des Xème et XIème siècles
ou le soulèvement des Hussites de Bohème au XVème
siècle) seraient à créditer à l’actif de l’esprit
libertaire
.

Nombre d’écrivains mériteraient
alors le qualificatif d’anarchiste. Et la célèbre Abbaye
de Thélème
de François Rabelais serait un des
hauts-lieux de l’anarchie, abbaye où toute la vie des religieux
estoit
employée non par loix, statuz ou reigles, mais selon leur vouloir
et franc arbitre. Se revoient du lict quand bon leur semblait, beuvoient,
mangeaient, travailloient, dormoient quand le désir leur venoit...
En leur reigle n’estoit que cest clause : Fay ce que voudras
.

Les philosophes du XVIIIème
siècle, Diderot, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau... qui ont largement
contribué à l’ébranlement et à la ruine de
l’Ancien Régime et ont développé les idées
de liberté, de justice, d’égalité trouveraient une
place de choix dans l’anthologie de cet anarchisme universel ; tout comme
Jean Meslier, curé d’Étrépigny de 1689 à 1729,
qui laisse dans son Testament une peinture de la société
idéale : Les hommes devraient tous également posséder
et jouir en commun de tous les biens et de toutes les richesses de la terre...
Si les hommes mangeaient sagement entre eux les fruits de leurs travaux
et de leur industrie, s’ils partageaient également les biens de
la terre, ils auraient suffisamment lieu de vivre tous heureux et contents...
Alors plus d’inquiétude pour le nécessaire de la vie, plus
de procès, plus de haines, plus d’envies, plus de tromperies, plus
de vols, plus de meurtres, plus d’assassinat pour dérober au prochain
ce qu’il possède et dont nous manquons
.

Dans la même optique,
certains groupes révolutionnaires français des années
1793-1795 ont uvré à la réalisation de principes typiquement
anarchistes. En pleine crise du printemps 1793, les Enragés,
avec Jacques Roux et Varlet s’en prennent à la Convention, réclament
la taxation et la réquisition des denrées de première
nécessité, dénoncent le despotisme sénatorial,
aussi terrible que le sceptre des rois
. Les sans-culotte revendiquent
le droit à l’insurrection, conséquence extrême d’une
souveraineté populaire chère à Jean-Jacques Rousseau
 ; pour eux, le souverain c’est eux-mêmes.

Terme d’insulte ou reconnaissance
d’une force évidente on se jette alors le mot anarchiste
qui figure en bonne place dans la chanson populaire
Sermon d’un honnête
curé
.

Les précurseurs

Mais déjà l’influence
de la Révolution française se fait sentir dans les pays européens,
en Angleterre par exemple, où le jeune William Godwin est enthousiasmé.

Pour Godwin, chaque homme porte
en lui la raison ; cette raison, identique chez tous les individus,
remplace avantageusement toute loi. Chacun est donc son propre législateur.
Doivent par conséquent être abattues toutes les forces qui
oppriment notre raison : les institutions, mais aussi les instincts humains,
qui perturbent cette raison.

Le règne de la Raison
remplace dès lors le droit et les lois contraignantes : Aussi
longtemps que quelqu’un est pris dans les filets de l’obéissance,
écrit-il, et qu’il est accoutumé à régler ses
pas sur ceux de quelqu’un d’autre, sa raison et son intelligence demeureront
infailliblement endormies. Le règne de la Raison abolira également
l’État, le gouvernement, mal absolu puisqu’il est l’abdication de
notre propre jugement et de notre conscience.
La raison élimine
enfin la propriété privée qui noie la plupart des
hommes dans des soucis sordides
.

L’État ayant disparu,
la Société subsiste pourtant. Née de nos besoins,
cette société sera fractionnée en multiples petites
paroisses où les hommes s’occuperont à des recherches intellectuelles.
Le travail manuel sera ré-duit à sa plus simple ex-pression
 : une demi-heure par jour. Les différends entre particuliers seront
réglés par un jury et les différends entre sociétés
par des assemblées nationales ; jury et assemblées appliqueront
simplement les préceptes dictés par la raison.

Est-ce la violence qui installera
cet âge d’or ? En aucun cas. Le but sera atteint par l’éducation
mutuelle
. Ainsi des conversations d’homme à homme amèneront
progressivement le règne de la vérité, l’éclat
d’une cité affranchie de la mort. L’Angleterre, tout au moins dans
ses salons et ses intellectuels, se passionne pour les idées de
William Godwin. Wordsworth et Coleridge songent un instant à réaliser
en Amérique la cité merveilleuse dépeinte par Godwin.

À l’intention d’un plus vaste public en 1794, Godwin diffuse d’ailleurs
sous forme de roman l’essentiel de ses théories. Sa défense
courageuse de démocrates britanniques injustement condamnés
accroît encore le prestige de l’écrivain. Mais l’oubli de
Godwin et de ses idées accompagne très vite l’hostilité
que le peuple anglais porte à présent à la Révolution
française. Dès lors, le prophète redevient un homme.
Lui qui a dénoncé le mariage comme la pire des lois, se marie
par deux fois ! Poussé par le besoin, il ne cesse d’écrire,
s’abaisse même à réclamer de l’argent, y compris à

Shelley, amant de sa fille Mary. Et c’est sous le costume d’un très
officiel gardien huissier de l’Échiquier que l’ancien pourfendeur
de l’État passe les quatre dernières années de sa
vie.

Max Stirner, l’individualiste

Johann Kaspar Schmidt est né
le 25 octobre 1806 à Bayreuth, en Bavière. Très tôt
orphelin d’un père fabricant de flûtes, délaissé
par sa mère remariée, Johann réussit pourtant à
entreprendre des études universitaires. Frappé de la longueur
de son front (en allemand Stirn), ses condisciples l’affublent du
sobriquet qu’il utilise plus tard comme pseudonyme : Stirner.
À 28 ans, il affronte
l’examen pro facultate docendi, mais ne réussit pas à
décrocher le titre de docteur d’État. À Berlin, une
institution privée de jeunes filles accepte les services de ce jeune
professeur, veuf après six mois de mariage et qui vit présentement
avec une mère folle. Le soir, après ses cours, Stirner fréquente
la taverne du cabaretier Hippel, où se réunit bruyamment
la Ligue des Affranchis. Chez les Affranchis, écrit
Émile Armand, on discutait de tout et sur tout : sur la politique,
sur le socialisme, sur l’antisémitisme, sur la théologie,
sur la notion d’autorité.

Sous la fumée des longues
pipes et dans le bruit des chopes remplies de bière, Stirner paisible
ennemi de toute contrainte
, disait Engels, toujours quelque peu à
l’écart du tapage et des cris, ne reste pas insensible aux charmes
de Maria Dänhardt qui devient sa deuxième épouse en
1843. En 1844, Stirner publie un livre, son seul livre : L’Unique et
sa propriété
. D’emblée, c’est le triomphe. Mais
très vite la misère surgit. La direction de l’institut de
jeunes filles juge opportun de se séparer d’un enseignant aussi
original. Des travaux obscurs de traduction, le lancement d’une laiterie,
qui tourne au fiasco, n’arrivent pas à sauver Stirner des griffes
des créanciers. Après deux séjours en prison, il meurt
oublié le 25 juin 1856.

Il faut attendre les travaux
de l’Allemand John-Henry Mackay, à la fin du XIXème siècle,
pour que le nom et l’uvre de Stirner ressuscitent et prennent une place
de choix dans l’histoire de l’anarchisme. L’Unique et sa propriété
est en effet, selon l’expression de Victor Basch, la Bible de l’Anarchisme
individualiste ou de l’individualisme anarchiste
. Comme toute Bible,
il ne livre son secret qu’au terme d’une lente méditation.

À l’inverse de Feuerbach,
qui érige l’Homme ou l’Humanité en absolu, Stirner voit dans
le moi individuel, le moi en chair et en os, la suprême valeur :
Qu’ai-je à faire de réaliser l’humain en général ? Ma
tâche est de me contenter de me suffire à moi-même.
C’est Moi qui suis mon espèce. Je suis sans règle, sans loi,
sans modèle
. Dès lors il est fondamental de débarrasser
l’individu de toute cette gangue d’aliénations que les Églises,
les lois, l’État, la bourgeoisie libérale, ont édifiée
au cours des âges. Au terme de l’entreprise purificatrice, l’unique
regarde comme sa propriété tout ce qui s’offrait à lui, ne
reconnaît qu’un seul droit : le droit à son bien-être.

La vie sociale n’est possible
et valable que par l’association volontaire basée sur un contrat
résiliable
. Cette association d’égoïstes (ego = je) procurera en effet davantage de jouissances et de bien-être
qu’une vie solitaire. L’individualisme aboutit ainsi à l’associationnisme
librement consenti
.

Certains des grands thèmes
de l’anarchisme sont ainsi brossés avec une fermeté que le
lecteur ne saurait oublier.

Proudhon,le fils du peuple

Proudhon est le seul théoricien
socialiste
venu de la classe ouvrière. Ce cinquième enfant d’une cuisinière
et d’un tonnelier de Besançon connaît une jeunesse rude. Une
bourse d’externe au Collège de Besançon lui permet d’entreprendre
ses études classiques. À 18 ans, pour faire vivre sa famille,
il doit travailler comme typographe, connaît le chômage, quête
le travail de ville en ville, ce qui ne l’empêche ni d’apprendre
l’hébreu, ni d’étudier la Bible, la théologie, la
linguistique. À 29 ans, il passe le baccalauréat. Une bourse
allouée par l’Académie de Besançon lui permet de venir
à Paris, où il suit les cours du Collège de France
et de l’École des Arts et Métiers.

En 1839, il publie son premier
ouvrage De la célébration du dimanche. En 1849, Qu’est-ce
que la Propriété ?
le rend célèbre dans
le monde entier. Karl Marx n’hésite pas à écrire dans
La Sainte Famille que cet ouvrage a pour l’économie sociale
moderne la même importance que l’ouvrage de Sieyes "Qu’est-ce que
le Tiers-État ?" pour la politique moderne
. Son livre est le
manifeste scientifique du prolétariat français.

Traduit devant la Cour d’Assises
du Doubs sous le triple motif d’attaques contre la propriété,
d’excitation à la haine et d’outrage à la religion, son acquittement
ne le sauve pas des embarras d’argent. Il quitte Paris et gagne Lyon, où
ses amis, les frères Gauthier, lui offrent une place de commis dans
leur entreprise de transports. Il fréquente des révolutionnaires
mutuellistes, publie en 1843 La Création de l’ordre dans l’Humanité
et en 1846 le Système des Contradictions économiques ou
La philosophie de la Misère. Ce dernier ouvrage entraîne
la rupture entre Proudhon et Karl Marx.

Installé de nouveau
à Paris, Proudhon dirige, fin 1847, le journal Le Peuple.
Il est élu député à l’Assemblée Constituante
de 1848. Il développe à la tribune de l’Assemblée
une proposition de loi qui élargit son premier projet : que les
propriétaires consentent la remise pendant trois ans d’un tiers
du montant des loyers et fermages dus par les chômeurs
.

Pour ranimer la vie économique,
il réclame en effet la gratuité de la circulation des capitaux.
Par 691 voix contre deux, un ordre du jour condamne le projet de loi comme
une atteinte odieuse aux principes de la morale. Louis Blanc lui-même
vote avec la majorité. Seul le canut lyonnais Greppo joint sa voix
à celle de Proudhon.

En novembre 1848, Proudhon
est un des 30 opposants à la Constitution, votée par 739
voix. En mars 1849, il est condamné à trois ans de prison
pour offense au Président de la République (du 7 juin 1849
au 4 juin 1852) et incarcéré à Sainte-Pélagie.
Il y écrit les Confessions d’un Révolutionnaire, L’idée
générale de la Révolution
, La philosophie du
Progrès
. Pendant son séjour à Sainte-Pélagie,
il épouse une jeune et pauvre ouvrière. Aux côtés
d’Euphrasie Piégard, Proudhon ne cessera de goûter les joies
paisibles d’une vie familiale heureuse qu’immortalise le tableau de Gustave
Courbet Proudhon et ses filles.

Ne voyant en Louis-Napoléon
qu’un infâme aventurier, bâtard adultérin de la fille
de Joséphine, fils et petit-fils de catins, inepte, incapable...

il n’est pourtant pas inquiété à sa sortie de prison.
Mais en 1858 ses quatre volumes intitulés De la justice dans
la Révolution et dans l’Église
lui valent de nouvelles
poursuites. Condamné à trois ans de prison et 4.000 francs
d’amende, il s’enfuit en Belgique, s’installe à Bruxelles sous le
nom de Dürfort, professeur de mathématiques, en compagnie de
sa femme et de ses enfants. Dans des conditions difficiles, il poursuit
son travail de réflexion et publie en 1861 La guerre et la paix.
Profitant d’une amnistie, il rentre en France, prend résidence à
Passy et, avant sa mort en 1865, trouve le courage de rédiger deux
livres importants : Du principe fédératif et de la nécessité
de reconstituer le parti de la Révolution
et De la capacité
politique des classes ouvrières
.

La doctrine politique de Proudhon

Proudhon veut avant tout émanciper
et régénérer l’ouvrier par la récupération
de ses instruments de production. Il est donc ennemi du capital, adversaire
de l’État, hostile à tout pouvoir.

La dénonciation du règne
de l’Autorité est une des constantes de la pensée proudhonienne,
surtout dans les années qui voient la montée et l’implantation
du régime bonapartiste (1850-1855). On raconte, écrit
Proudhon (dans Qu’est-ce que la propriété ?), qu’un
bourgeois de Paris du XVIIe siècle ayant entendu dire qu’à

Venise il n’y avait point de roi, ce bonhomme ne pouvait revenir de son
étonnement et pensa mourir de rire à la première nouvelle
d’une chose si ridicule. Tel est notre préjugé : tous tant
que nous sommes nous voulons un chef ou des chefs
.

À ses jeunes lecteurs,
qui reconnaissent en lui un républicain, Proudhon n’hésite
pas à répondre : Je suis anarchiste [...] Vous
venez d’entendre ma profession de foi sérieuse et mûrement
réfléchie ; quoique très ami de l’ordre, je suis,
dans toute la force du terme, anarchiste
.

L’anarchie n’a pourtant rien
à voir avec le désordre ou le chaos. L’anarchie forme
de gouvernement dont nous approchons tous les jours
cette
absence
de maître, de souverain
est, sera le résultat de l’évolution
des sociétés : au fur et à mesure des progrès
de la réflexion, de l’observation, de la science, l’homme finira
par comprendre que rois, ministres, magistrats et peuples, en tant que
volontés, ne sont rien pour la science et ne méritent aucune
considération
. Dès lors l’autorité de l’homme
sur l’homme est en raison inverse du développement intellectuel
auquel cette société est parvenue
.

Ainsi, plus de lois. Je
n’en reconnais aucune ; je proteste contre tout ordre qu’il plaira à
un pouvoir de prétendre nécessité d’imposer à
mon libre arbitre. Des lois ! On sait ce qu’elles sont et ce qu’elles valent.
Toiles d’araignées pour les puissants et les riches, chaînes
qu’aucun acier ne saurait rompre pour les petits et les pauvres, filets
de pêche entre les mains du Gouvernement
. De surcroît,
l’abondance, l’inflation permanente de lois votées par les assemblées
successives permettent-elles à quiconque de se retrouver dans pareil
dédale ? Surtout, le mode de confection des lois empêche tout citoyen conscient
de leur accorder le moindre crédit : La loi a été
faite sans ma participation
... L’État ne traite point avec
moi ; il n’échange rien ; il me rançonne. La récusation
des lois conduit tout naturellement à celle de la justice rendue
par la société
.

L’homme seul a le droit
de juger
[...] La justice est un acte de la conscience, essentiellement
volontaire ; or la conscience ne peut être jugée, condamnée
ou absoute que par elle-même
. Ceci implique la suppression totale
et définitive des cours et tribunaux.

Quant au suffrage universel,
il est bien incapable de discerner les mandataires soucieux des intérêts
du peuple ! Le peuple, tel qu’il se révèle au forum, dans
les urnes du scrutin
, est en effet incapable de reconnaître les
plus vertueux et les plus capables ; le choix de Louis-Bonaparte est à
cet égard édifiant. Et surtout Qu’ai-je besoin de mandataires,
pas plus que de représentants ? Et puisqu’il faut que je précise
ma volonté, ne puis-je l’exprimer sans le secours de personne ?

Ayant fait table rase de l’Autorité
exprimée par l’État, l’Église ou le Capital, Proudhon
aperçoit sous les rayons de la Justice, astre central qui gouverne
toutes les sociétés
, les grands traits de la société
future surgie de la révolution sociale. Le système fédératif
est pour lui la seule synthèse valable entre l’autorité et
la liberté. Dans le fédéralisme, le contrat libre
se substitue en effet aux lois imposées : Qui dit liberté,
dit fédération, ou ne dit rien. Qui dit république,
dit fédération ou ne dit rien. Qui dit socialisme, dit fédération,
ou ne dit encore rien
.

Le fédéralisme
politique, en éliminant la raison d’État, limite le pouvoir
central au profit des groupements et pouvoirs locaux ; il réalise
ainsi la nécessaire décentralisation. Décentralisation
d’autant plus réussie que les groupements ou collectivités
fédérées seront de taille plus restreinte.

Sur le plan économique,
Proudhon voit l’affranchissement des producteurs et des consommateurs dans
l’avènement du mutuellisme, mutuel étant synonyme
de réciproque, réciprocité. L’organisation
du travail doit s’opérer en dehors du pouvoir et sans recourir au
capital. L’atelier doit remplacer le gouvernement. Le citoyen a succédé
à l’honnête homme, le producteur va succéder au citoyen.

Ici, les travailleurs agissent de leur propre initiative, sûrs de
percevoir de justes salaires, certains de consommer des produits offrant
toute garantie. Afin d’abolir la royauté de
l’argent et de
créer l’égalité entre les produits. Proudhon
s’emploie vainement à fonder une Banque d’échange
puis une Banque du Peuple, utilisant à la place du numéraire
des billets de crédit ou bons de travail et pratiquant la gratuité
des prêts ou de l’escompte.

Grâce à ces structures
originales, le pouvoir part désormais du bas ; le gouvernement ou
commission
exécutive centrale
(toujours révocable) est élu
par une délégation législative choisie par les groupes
locaux librement fédérés. L’individu devient le seul
maître de son existence. L’accord de l’intérêt de chacun
avec l’intérêt de tous réalise la Révolution.

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