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Cornélius Castoriadis

Autogestion & Hiérarchie

Brochure

Le jeudi 31 août 2006

Autogestion et hiérarchie est extrait de
"Le contenu du socialisme" de Cornélius Castoriadis paru aux éditions 10/18.


INTRODUCTION

Nous vivons dans une société dont l’organisation est
hiérarchique, que ce soit dans le travail, la production, l’entreprise ; ou
dans l’administration, la politique, l’Etat ; ou encore dans l’éducation
et la recherche scientifique. La hiérarchie n’est pas une invention de la
société moderne. Ses origines remontent loin bien
qu’elle n’ait pas
toujours existé, et qu’il y ait eu des sociétés non hiérarchiques qui ont
très bien fonctionné. Mais dans la société moderne le système
hiérarchique (ou, ce qui revient à peu près au même, bureaucratique)
est devenu pratiquement universel. Dès qu’il y a une activité collective
quelconque, elle est organisée d’après le principe hiérarchique, et la
hiérarchie du commandement et du pouvoir coïncide de plus en plus
avec la hiérarchie des salaires et des revenus. De sorte que les gens
n’arrivent presque plus à s’imaginer qu’ils pourraient en être autrement,
et qu’ils pourraient eux-mêmes
être quelque chose de défini autrement
que par leur place dans la pyramide hiérarchique.

Les défenseurs du système actuel essaient de le justifier
comme le seul “logique”, “rationnel”, “économique”. On a déjà essayé
de montrer que ces “arguments” ne valent rien et ne justifient rien,
qu’ils sont faux pris chacun séparément et contradictoires lorsqu’on
les considère tous ensemble. Nous aurons l’occasion d’y revenir plus
bas. Mais on présente aussi le système actuel comme le seul possible,
prétendument imposé par les nécessités de la production moderne,
par la complexité de la vie sociale, la grande échelle de toutes les
activités, etc. Nous tenterons de montrer qu’il n’en est rien, et que
l’existence d’une hiérarchie est radicalement incompatible avec
l’autogestion.

AUTOGESTION ET HIÉRARCHIE DU COMMANDEMENT

Décision collective et problème de la représentation

Que signifie, socialement, le système hiérarchique ? Qu’une
couche de la population dirige la société et que les autres ne font
qu’exécuter ses décisions ; aussi, que cette couche, recevant les
revenus les plus grands, profite de la production et de travail de la
société beaucoup plus que d’autres. Bref, que la société est divisée
entre une couche qui dispose du pouvoir et des privilèges, et le reste,
qui en est dépossédé. La hiérarchisation ou
la bureaucratisation de
toutes les activités sociales n’est aujourd’hui que la forme, de plus en
plus prépondérante, de la division de la société. Comme telle, elle est à
la fois résultat et cause du conflit qui déchire la société.
S’il en est ainsi, il devient ridicule de se demander : est-ce
que
l’autogestion, est-ce
que le fonctionnement et l’existence d’un système
social autogéré est compatible avec le maintien de la hiérarchie ?
Autant se demander si la suppression du système pénitentiaire actuel
est compatible avec le maintien de gardiens de prisons, de gardiens chefs
et de directeurs de prison. Mais comme on sait, ce qui va sans
dire va encore mieux étant dit. D’autant plus que, depuis des
millénaires, on fait pénétrer dans l’esprit des gens dès leur plus tendre
enfance l’idée qu’il est “naturel” que les uns commandent et les autres
obéissent, que les uns aient trop de superflu et les autres pas assez de
nécessaire.

Nous voulons une société autogérée. Qu’est-ce
que cela veut
dire ? Une société qui se gère, c’est-à-dire
se dirige, elle-même.

Mais
cela doit être encore précisé. Une société autogérée est une société où
toutes les décisions sont prises par la collectivité qui est, chaque fois,
concernée par l’objet de ces décisions. C’est-à-dire
un système où ceux
qui accomplissent une activité décident collectivement ce qu’ils ont à
faire et comment le faire, dans les seules limites que leur trace leur
coexistence avec d’autres unités collectives. Ainsi, des décisions qui
concernent les travailleurs d’un atelier doivent être prises par les
travailleurs de cet atelier ; celles qui concernent plusieurs ateliers à la
fois, par l’ensemble des travailleurs concernés, ou par leurs délégués
élus et révocables ; celles qui concernent toute l’entreprise, par tout le
personnel de l’entreprise ; celles concernant un quartier, par les
habitants du quartier ; et celles qui concernent toute la société, par la
totalité des femmes et des hommes qui y vivent (...).

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