Communiqué fédéral
Le mercredi 5 mai 2010
Le mardi 27 avril, près de Sabana à l’ouest de l’État d’Oaxaca, une agression par armes à feu a été perpétrée par des paramilitaires. Celle-ci a entraîné la mort de deux personnes (une mexicaine, Alberta Cariño Trujillo et un finlandais, Jyri Antero Jaakola) ainsi qu’une quinzaine de blessés, parmi la centaine de participants à une caravane de solidarité avec la communauté autonome des triquis de San Juan Copala. Cette communauté subit depuis quelques semaines un blocus organisé par des paramilitaires et le convoi de solidarité regroupait des membres de VOCAL (Voix oaxaquègnes construisant l’autonomie et la liberté), de l’APPO (Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca), de la section 22 du syndicat des enseignants, du MULTI (Mouvement d’unification et de lutte triqui indépendant) et des observateurs internationaux. Deux compagnons de VOCAL, David Venegas Reyes et Noe Bautistat Jimenez, ainsi que deux journalistes de « Contralinea », David Cilia et Erika Ramirez, ont dû se cacher dans la forêt pour échapper aux agresseurs. Il ne s’agit malheureusement pas d’un épisode isolé, mais d’une pratique de « guerre de basse intensité » menée par l’État mexicain.
Les peuples triquis (15 000 membres) ont une longue tradition de lutte pour la défense de leurs terres et de leurs ressources naturelles. Le 1er janvier 2007 est fondée la « Commune autonome de San Juan Copala ». Depuis, ils subissent un harcèlement brutal (enlèvements, viols, meurtres) mené par les polices locale, régionale et fédérale, ainsi que par des groupes paramilitaires et parapoliciers aux ordres du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) et du gouverneur Ulises Ruiz Ortiz, qui s’est notamment illustré dans la répression sanglante de la « Commune d’Oaxaca » en 2006.
Répondant à l’appel à la solidarité de VOCAL et du Conseil national indigène, la Fédération Anarchiste dénonce les assassinats du 27 avril, la violence sanguinaire de l’Etat mexicain et les agressions contre la communauté autonome de San Juan Copala, ainsi que plus généralement la répression exercée contre les peuples indigènes.
Le drame qui se joue au Mexique s’inscrit dans une offensive du capitalisme sur les territoires qu’il ne contrôle pas totalement, afin de mettre la main sur l’ensemble des ressources humaines et matérielles de la planète. Les résistances de communautés qui s’obstinent à vivre de façon autonome doivent donc dans cette logique être balayées.
De façon générale, l’État mexicain s’efforce également de briser tout mouvement social. Ainsi, depuis 6 mois, les milliers de salariés de « Luz Fuerza del Centro », en charge de la distribution d’électricité dans le centre du pays, luttent contre la liquidation de cette entreprise publique. Il s’agit alors pour l’Etat de liquider le Syndicat mexicain des électriciens, un des plus anciens (créé en 1914 avec son journal « Rojo y Negro ») et surtout le plus puissant et le plus combatif. Ses liens avec des organisations paysannes, des syndicats, l’APPO... en font un élément dangereux pour le pouvoir, car en mesure de participer à une nécessaire coordination des résistances à l’oppression capitaliste.
Les assassinats du 27 avril s’inscrivent donc dans une logique de répression sans limites que l’Etat mexicain exerce de façon régulière contre tout mouvement porteur d’émancipation, d’anticapitalisme et de solidarité.
La Fédération Anarchiste apporte tout son soutien et sa solidarité aux compagnons mexicains qui subissent de plein fouet la violence de l’Etat du Mexique, ainsi qu’à tous ceux et celles qui luttent contre la répression et pour un autre avenir que celui que nous préparent les pouvoirs économiques et politiques au service du capitalisme mondialisé !
Secrétariat Relations Internationales
Fédération Anarchiste