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Villard (Creuse)

Motion sur la décroissance

65e congrès de la Fédération anarchiste du 10 au 12 mai

Le vendredi 16 mai 2008

En 2008, le constat d’une crise environnementale globale (épuisement des ressources, effet de serre, déforestation, dégradation de la biodiversité…) est désormais largement partagé.

Partout, la réponse des tenants du système capitaliste consiste à désamorcer la contestation en organisant le consensus autour de fausses solutions. En France, cette stratégie s’est traduite par l’organisation d’un Grenelle de l’Environnement. Les solutions proposées visent avant tout à offrir de nouveaux débouchés au complexe industriel. La fuite en avant technologique aboutit à des aberrations, comme les agrocarburants, dont le développement entre directement en concurrence avec la production alimentaire et accélère la déforestation.

Face aux ravages causés par le développement durable… du système capitaliste, les populations en sont réduites en France à contester la baisse de leur pouvoir d’achat tandis que dans plusieurs pays éclatent des émeutes de la faim.

Le système connaît aujourd’hui un basculement. Si aucun gouvernement ne le reconnaît encore, ce sont bien les limites physiques de la planète qui sont largement dépassées : nous savons que, désormais, le coût du pétrole ne baissera plus.

Le discours dominant s’enferre dans une attitude schizophrène : poursuivre la logique productiviste en accélérant la croissance (rapport Attali) tout en culpabilisant les individus par rapport à leur consommation (discours de Nicolas Hulot). Le démantèlement des services publics participe en ce sens à la disparition de toute gestion collective en limitant ses prestations aux seuls individus solvables.

Insister sur les solutions technologiques et entretenir l’illusion d’une croissance propre permet à la classe dirigeante d’éviter le niveau politique, notamment les questions explosives de la répartition et de la redéfinition des richesses. En effet, le capitalisme, qui tire profit du gaspillage des ressources, est condamné à la croissance.

Sur une planète peuplée de neuf milliards d’individus en 2050, il n’y aura pas d’avenir durable, sans un ralentissement du cycle production-consommation. La seule perspective est une forte réduction de la sphère marchande et donc une diminution du temps de travail (travailler moins pour vivre mieux), bénéfique tant pour l’individu que pour la société : développement du relationnel, usage optimal, social et économe des biens et des services produits.

La relocalisation de l’activité économique doit permettre de renforcer l’autonomie des individus. Toutefois, il faut se garder de toute tentation autarcique de repli sur soi : aucun îlot écologiste ne pouvant survivre dans un océan capitaliste, l’objectif reste l’élimination du système capitaliste.

Contrairement au projet réformiste de décroissance soutenable, nous réaffirmons qu’il est parfaitement illusoire de s’en remettre à l’Etat, alors que celui-ci depuis toujours concentre les moyens et oriente la production au service des multinationales (subventions, infrastructures, recherche et développement, crédits de formation, privatisations, externalisation des coûts, prise en charge des pertes financières, etc.).

La participation d’écologistes dans les institutions montre que les étapes vers l’accession au pouvoir sont jalonnées de tous les renoncements et de toutes les trahisons.

L’autolimitation de l’activité humaine tenant compte des capacités de la planète ne peut résulter que des individus eux-mêmes, s’autogérant et se fédérant entre eux : c’est justement le projet de société libertaire !

La croissance est vitale pour le capitalisme, la décroissance lui est mortelle.

Un certain nombre de pratiques alternatives existent dans la société actuelle, préfigurant un autre futur. Mais aucune autre société ne sera possible tant que ne sera pas mis fin à l’exploitation capitaliste.

Aujourd’hui, les pays riches se satisfont de pseudo-progrès en matière d’environnement alors qu’ils tirent leur niveau de consommation insoutenable de l’exploitation des pays du Sud.

Désormais, nous savons que la décroissance est inévitable, et l’humanité se trouve face à un choix décisif, l’organiser ou la subir : écologie sociale ou barbarie !

Ne pas rompre définitivement avec la croissance, c’est condamner les populations à un avenir proche dans lequel les classes dirigeantes imposeront des restrictions toujours plus sévères au prix d’un contrôle social toujours plus fort et de populations livrées à toutes les guerres et à toutes les pénuries.

A l’opposé, la Fédération anarchiste est porteuse d’un projet qui permet aux individus de gérer la société eux-mêmes : une révolution sociale, écologique et libertaire !

Fédération Anarchiste

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