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Alsace

L’extrême-droite se déchire en Alsace en vu des prochaines élections (par No Pasaran 67)

Le lundi 18 septembre 2006

Zwei Gewisse Rüeje nit güet uf eim Kiss.

Deux consciences ne dorment pas bien sur un seul oreiller

Dans la perspective des élections à venir, les partis d’extrême droites alsaciens se déchirent. Alsace d’Abord et Front National se partagent une partie de l’électorat d’extrême droite. Aussi, toutes les stratégies voient le jour, des plus brillantes aux plus minables...

Courant janvier 2006, Robert Spieler annonce sa démission de la présidence du mouvement Alsace d’Abord qu’il animait depuis 1989.
Cette démission n’est pas le fruit du hasard. Les échéances électorales communales et régionales ainsi que nationales nécessitent un changement de stratégie. Il faut rassembler tout ce que compte l’extrême droite locale afin de faire barrage au FN et espérer, enfin, arriver au pouvoir. Le problème est bien que le pouvoir fait tourner les têtes et que les deux fidèles désignés pour diriger le mouvement ( Chaton et Cordonnier) ne tarderont pas a se faire la guerre pour obtenir une direction unique.

Parallèlement le couple Spieler prépare un coup médiatique pour le début d’année 2006 avec la fameuse « soupe au cochon » distribuée à Strasbourg pour les sans domiciles fixes. Cette action mais surtout sa médiatisation permettra au mouvement Alsace d’abord de finir de convaincre les jeunes des franges les plus radicales de les rejoindre. Le rapprochement avec le mouvement du Bloc Identitaire se fait de plus en plus prégnant et l’initiative débauche quelques FNJ en même temps que Spieler et Lauffenburger initient une stratégie d’infiltration du mouvement jeune du FN.
S’en suit, après l’appel à l’union des Patriote de Le Pen en mai 2006 (en vue des élections nationales de 2007), une grande confusion au sein du FN-FNJ.

La guerre ouverte ou larvée entre le Front National et Alsace d’Abord n’est pas une nouveauté. Dès 1984, à la création d’Alsace Renouveau, Robert Spieler contrarie l’émergence du FN en Alsace. Cependant, nombreux sont ses militants qui intègrent le FN et dès l’année suivante, Spieler est contraint dernier rallie le FN. Sa stratégie paie et il est élu député et conseiller régional en 1986 après avoir piqué la place à France Daulard puis conseiller municipal en 1989. Aux municipales de mars 1989, il mène une liste de fusion du FN local, du Centre National des Indépendants et Paysans (CNI) et d’Alsace d’Abord intitulée : Strasbourg Debout !

Au fil du temps et des élections, les conflits de personnes prennent le dessus. Lors des législatives de 1988, forte de son soutien direct de Le Pen, Daulard monte sa propre liste. Spieler, soutenu par les FN locaux, monte une liste Alsace d’Abord avec « le soutien du Front National ». Le divorce est officialisé lors du congrès de l’Eurodroite organisé à Strasbourg avec différents leaders européens de mouvements d’extrême droite. Ce rassemblement piloté directement depuis Paris est un bide politique et financier. Spieler quitte la salle ostensiblement lors de l’arrivé de Le Pen. Il déclare plus tard à son sujet « Extraordinaire orateur, formidable compagnon de bordée, doté d’une culture et d’un charisme politique exceptionnels, Le Pen est en même temps incapable de juger les hommes autrement qu’à l’aune de leur servilité à son égard, incapable de prendre de la hauteur, incapable de tolérer sur la durée des personnes de qualité, avec ce que cela implique d’esprit critique et rebelle. »
En octobre de la même année, Spieler quitte définitivement le FN et peut officiellement lancer Alsace d’Abord

Dès lors, les relations entre les deux partis vont être à couteaux tirés. Spieler obtient deux élus aux régionales de 1992 puis trois en 1998. Autant de postes passant sous le nez du FN empêtré dans sa scission fratricide. Mais la progression régulière d’AdA est contrariée par la nouvelle donne électoraliste : il faut passer la barre des 10% pour prétendre être présent au second tour des élections régionales ! Ainsi, malgré des scores dangereux (9,5%) Spieler n’obtient rien en 2004. Pire encore, aux élections municipales strasbourgeoises de 2004, la liste commune de Spieler (Alsace d’Abord, MNR, MPF) ne passe pas le premier tour (9,4%) dépassant pourtant celle du FN (7,5%).

Les tentatives de listes communes ont été nombreuses, officiellement souvent à l’initiative du FN, mais elles ont toujours échouées. A en croire Louis Alliot, secrétaire général du FN en visite en Alsace, ce ne sera pas pour les prochaine législatives...Spieler aura un candidat FN face à lui : « Le Fn ne peu pas être à la remorque de quelques organisation que ce soit » (1). Durant les 6 premier mois de l’année, Spieler avait reçu le soutien de cadre FN comme Touzé, un vieil ami, pour son initiative de soupe au cochon. Même Patrick Binder du FN 68 était là...espérant sans doute que Spieler se concentre sur le 67 !

Le FN compte beaucoup sur le soutien des maires Alsaciens en vue d’obtenir les 500 signatures nécessaires pour les présidentielles. « Il n’y a pas de raison que les maires d’une région qui vote à 25% pour Le Pen ne lui apportent pas leur soutien. » déclare Louis Alliot.. Sauf qu’en 2002, les signatures étaient peu nombreuses pour le FN proportionnellement à celles offertes au MNR. Bizarrement pourtant, les signatures recueillies dans le Bas-Rhin pour soutenir la candidature de Le Pen étaient celles de deux conseillers régionaux dont celle de Robert Spieler ! Magouille, magouille ! En effet, Le Pen n’étant pas certain de pouvoir obtenir les 500 signatures, Spieler lui proposa un deale fumant par le biais de Carl Lang : contre la promesse de trois signatures d’élus, Le Pen abandonnait la seconde circonscription de Strasbourg à Spieler.

Aujourd’hui, la lutte entre les deux formations promet un vraie foire d’empoigne. Profitant d’un FNJ exsangue dans le Bas-Rhin, d’une fédération FN Alsacienne verrouillée par les cathos intégristes, Spieler manœuvre afin de se présenter comme l’unique rassembleur de l’extrême droite ayant des chances de réussites électorales. C’est sans le soutien officiel de Stéphane Bourhis étrangement discret depuis quelques mois, en retraite politique (il est plein de soucis le pauvre...) que l’ex leader d’Alsace d’Abord ratisse large espérant rassembler les électeurs droitistes de l’UMP, les souverainistes du MPF, les pragmatiques hésitants du FN, les revanchards du MNR, les régionalistes sauce brune.... « Nous n’avons de toute façon pas le choix. Nous sommes le dos au mur. La France et l’Europe sont menacées bien davantage qu’elles ne le furent dans le passé. Mais l’espérance demeure :
Comme à Poitiers, où Charles Martel réunit pour la première fois des combattants venus de toute l’Europe pour sauver la France, comme devant Vienne, où les Polonais, les combattants de l’Empire soutenus par des Français sauvèrent l’Europe de l’invasion turque
 » déclare-t-il dans une récente interview. Pour ce donner les moyens de ses ambitions, Spieler met en place un site internet appelé « Union des Patriotes d’Alsace » (2). Ce vrai-faux site fait évidemment l’éloge du rassemblement des droites extrêmes derrière un leader unique, pour la victoire. L’objectif est simple : piquer un maximum d’électeur(trice)s FN en faisant croire que les querelles de chapelles ne servent que les ambitions personnelles...fortiche la manip !

De leur côté, les orthodoxes du FN animent un site (3) du même nom, pastichant celui des pro-Spieler et ayant le même discours mais en la faveur de Le Pen et ses représentants... Du coup, ça balance sec, les vieilles casseroles de chaque camps sont ressorties au grand jour par les militants, le tout dans une ambiance généralisée de suspicion, de menaces et de coups fourrés. Du lourd, du gros lourd, un peu comme en 1999 lors de la scission FN-MNR. Sauf que cette fois, il faut espérer que les vrais antifascistes ne se délectent pas d’une victoire trop précocement. D’autant plus que début septembre, un trio improbable se fait remarqué lors du rassemblement annuel du Vlaams Belang en Belgique : Robert Spieler accompagné de Christian Chaton (élu Alsace d’Abord du 68) mais aussi et surtout du Patrick Binder président du groupe FN au Conseil Régional d’Alsace....Copains comme cochon, ils se font allégrement photographier ensemble, preuve d’une unité trouvée genre Union des Patriotes en marche.

Les champions de l’Etat nation couchent avec les tenants du régionalisme. Les fervents défenseurs du paganisme fricottent avec les cathos pures souches. Les ennemis d’hier font causes communes oubliant dissensions, procès, insultes, coups bas, trahisons, menaces, infidélités, divergences et antagonismes. Alors, cette année c’est quoi le deale électoraliste ?

No Pasaran 67


(1)22 mai 2006 DNA

(2)http://uniondespatriotes-alsace.hautetfort.com/

(3)http://www.uniondespatriotes-alsace.com/ essentiellement animé par David Heller, coordinateur de l’équipe de Strasbourg Valeur le fanzine politique de Xavier Codderens secrétaire départemental FN 67 et président local de l’UNEC.


Pour en savoir plus sur l’extrême-droite en Alsace :

- Alsace Brune, les extrêmes droites alsaciennes d’hier et d’aujourd’hui aux éditions No Pasaran

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