Accueil > Articles > Répression et lois liberticides à tout va !
  •   |   {id_article}  |  
      |  
  • Article

Allemagne

Répression et lois liberticides à tout va !

Article paru dans le Monde Libertaire n°1480

Le mardi 15 mai 2007


Large victoire aux présidentielles de Nicolas Sarkozy, « Monsieur lutte anti-terrorisme », vague de perquisitions en Allemagne avant le sommet du G8... Petit à petit, le cauchemar d’Orwell prend forme, et c’est en toute légalité que l’État peut surveiller chacun d’entre nous, et notamment à travers Internet.

Parallèlement aux perquisitions menées le 9 mai à travers toute l’Allemagne dans des bureaux et des domiciles privés, la police allemande a aussi investi les locaux de so36.net, fournisseur de services Internet indépendant et politiquement engagé, basé à Berlin . Ils ont copié le contenu d’un certain nombre de boites mails, listes de discussion et des sites web hébergés. Comme pour les autres perquisitions, celle-ci a été faite au nom de l’article 129a du code pénal, sur la « formation d’une coalition terroriste ». Ainsi, la police allemande invoque le prétexte de la lutte anti-terroriste pour collecter des informations sur des organisations militantes qui agissent en toute légalité afin de manifester leur opposition au sommet d‘Heiligendamm. En Allemagne, l’article 129a existe depuis les années 70 et l’époque de la RAF. Mais il est peu probable qu’ils soit abrogé par les temps qui courent ! C’est même l’inverse : surtout depuis 2001 et les attentats du 11 septembre, la mode est à la lutte contre le terrorisme et à la multiplication des lois liberticides.

Les récents événements en Allemagne ne font que donner un exemple concret de ce à quoi peuvent mener les diverses lois anti-terroristes, dont la police et la justice peuvent aisément faire un usage abusif : ce sont eux qui décident qui est un terroriste potentiel et qui ne l’est pas… en France aussi ! La peur du terrorisme, entretenue par les média, a permis aux derniers gouvernements de mettre en place des lois de plus en plus liberticides : citons, en 2001- 2003, la Loi sur la sécurité intérieure, et en 2006, la Loi relative à la lutte contre le terrorisme. Fichage ADN, contrôle des fournisseurs d’accès à Internet : progressivement, ces lois resserrent le contrôle social. Votées sous prétexte de lutte contre le terrorisme, le blanchiment d’argent ou la prostitution, elles permettent une surveillance accrue de tous ceux qui tenteraient de protester contre le système en place : ce n’est pas un hasard si la police veut prélever l’ADN des faucheurs d’OGM.

Et ce n’est pas fini : les récentes élections indiquent que les politiques vont pouvoir profiter encore longtemps de cette peur du terrorisme : non pas seulement parce que le président finalement élu est aussi celui qui, en tant que Ministre de l’Intérieur, a déposé ces divers projets de loi, mais surtout parce plus de 80% des électeurs se sont déplacés pour voter eu second tour d’une élection dont les mots d’ordre (des deux côtés…) étaient « ordre » et « autorité ». Et, c’est bien connu, dans la logique de l’État, pour avoir de l’ordre, il faut pouvoir surveiller les citoyens susceptibles de sortir du droit chemin.

Les diverses lois évoquées accordent une grande place à la surveillance sur Internet, et mobilisent les hébergeurs alternatifs français, qui ont aussitôt vu dans la perquisition visant so36.net une mise en pratique de ce qu’ils redoutent de plus en plus. Ainsi, le réseau Globenet a réagi aux événements en Allemagne [1].

Toujours sur le site de Globenet, une rétrospective des lois mises en place en France depuis 2001 [2] permet de voir comment, petit à petit, l’étau se resserre. En 2001, une première loi donne accès à l’autorité judiciaire aux logs de connexions conservés par les fournisseurs d’accès. En 2003, cette mesure, censée être temporaire, est définitivement inscrite dans la loi. En 2006, les fournisseurs d’accès ainsi que les hébergeurs sont désormais obligés de conserver les logs de connexion durant un an, et les services de police y ont directement accès en dehors de tout contrôle de l’autorité judiciaire : tout est sous le contrôle du Ministère de l‘Intérieur. La loi est aussi étendue aux cybercafés et autre lieux offrant des possibilités de connexions à Internet, peut-être les bibliothèques et les universités. Dernier épisode : le projet de décret LCEN sur l‘application d‘un article de la Loi pour la confiance dans l‘économie numérique, [3]
, qui doit être publié cette année, porte sur l’identification des usagers du net. Elle contraint les fournisseurs d’accès et dans une certaine mesure les hébergeurs à conserver et à tenir à la disposition des autorités des informations comme les pseudonymes et les mots de passe utilisés par les usagers, les coordonnées indiquées lors de la souscription d’un contrat, les dates et heures de connexion… Et, surprise, ce projet de décret fait apparaître le motif de « lutte contre le terrorisme ». Autrefois espace de liberté, Internet se transforme peu à peu en un gigantesque piège à rats...

Face à la surveillance qui se resserre et aux procédés d’intimidation, il importe plus que jamais d’être solidaires, et de ne pas oublier que la lutte se mène à un niveau international, pour défendre nos libertés… et toujours, contre le G8 !

Cha
Fédération Anarchiste - groupe de Strasbourg

- Sur le même sujet :
Communiqué de presse du secours rouge |
Manif antirépression à Fribourg

- Page spéciale contre le G8

Suivre la vie du site RSS 2.0 | SPIP | Mgs MGS | Fédération Anarchiste FA