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Nous ne nous laisserons pas terroriser !

Le jeudi 3 octobre 2002

Nous faisons ici un point sur la répression dont a été l’objet le camp
international No Border qui s’est tenu à Strasbourg du 19 au 28 juillet
2002. Durant tout le camp, il y
a eu des dizaines d’arrestations. La pression
policière a été constante, surtout après la décision préfectorale
d’interdire toute manifestation "No Border" du 25 au 29 juillet.

Les inculpés de No Border

Sept personnes ont été mises en examen suite à des arrestations. Quatre
procès auront lieu entre le 22 et 28 février 2003.Deux personnes sont accusées de
vol et dégradation de drapeaux lors de la
manifestation du lundi 22 juillet pour les sans-papiers et contre les
politiques européennes à leur égard.Une autre passe en procès pour tag.
Deux personnes pour dégradation et rébellion.
Enfin, une personne pour transport d’armes de 6e catégorie. En fait, il
s’agit d’outils trouvés dans le camion d’un menuisier...

Ahmed

Le 24 juillet, se déroulait une manifestation No Border dénonçant
l’existence des centres de rétention. Cette manifestation a été
extrêmement tendue et durement réprimée par les "forces de l’ordre". Au
niveau de la place de République, il y a eu un "contact" rugueux entre
flics et NoBorder. Un capitaine de police aurait été blessé à la main. Et
lors du retour du cortège vers le camp, une arrestation ciblée a eu lieu,
celle d’Ahmed. Le 26 juillet, Ahmed passe en comparution immédiate. Il
demande le report de son procès. La cour décide de le maintenir en
détention jusque-là, malgré les garanties de représentation apportées par
la défense.Il est immédiatement placé en isolement à la prison de l’Elsau
(Strasbourg). Les demandes de parloir de sa petite amie sont toutes
refusées.

Trois mois ferme

Le 21 août, Ahmed passe en procès pour outrage sur un agent de police et
violence sur un autre. Au cours de l’audience, le capitaine qui se dit
blessé arrive avec un gros bandage autour du poignet et a apporté un arrêt
de travail terminant en septembre. Notons qu’il a retravaillé le samedi 27
juillet... Les témoins de la défense ont été peu entendus par la cour. Le
procureur a parlé de "groupe paramilitaire spécialisé dans la guérilla
urbaine" à propos des gens de No Border en général et du Black Block en
particulier... Finalement, il requiert 8 mois de prison ferme. La cour
condamne Ahmed à 8 mois de prison dont trois ferme et 700 E d’amende.

Les "17" de Strasbourg

Une occupation de locaux administratifs du ministère de la justice a eu
lieu le 23 août pour réclamer la sortie d’isolement et un parloir pour
Ahmed. Au moment de notre entrée - à 16h environ - dans les locaux, nous
avons demandé si les trois employés présents désiraient sortir avant que
nous bloquions la porte d’entrée. Il est à noter que la sortie de secours
leur permettait de sortir à tout moment. Pendant l’occupation nous avons
informé média et organisations politiques. AC ! Rhône nous a très
rapidement envoyé un communiqué de soutien. Une banderolle "Ahmed libre !"
a été déployée sur la façade. Les journalistes et les flics sont très
rapidement arrivés devant le bâtiment. Le but de notre action était
d’avoir un interlocuteur du parquet qui était responsable de la mise en
isolement et du refus de parloir d’Ahmed. Plusieurs personnes sont venues
à la porte pour négocier en se faisant passer pour des membres du parquet.

Occupation bon enfant

Pendant ces trois heures, les relations avec les employés ont été très
bonnes. L’un d’entre eux nous a même aidé à faire des avions en papier
pour envoyer nos tracts par la fenêtre à la presse... Cette anecdote
montre le caractère "bon enfant" de l’occupation.Vers 18h/18h30, une des personnes a
exprimé son désir de sortir. Nous lui
avons demandé si nous pouvions discuté entre nous pour en examiner les
modalités pratiques. Elle a accepté. Sachant que derrière la porte de
secours se trouvait plusieurs flics, nous avons demandé aux flics une
échelle. Cela nous a été refusé, alors que l’employée était d’accord pour
sortir de cette manière. A partir de ce moment-là, la porte d’entrée a
commencé à être ouverte de force par le GIPN (armé d’une scie circulaire,
d’une pince hydraulique, de deux flash-balls à double canon, d’un
bouclier...).

Enfermés par les flics

Voyant qu’il ne nous restait plus que la porte de secours pour permettre à
l’employée de sortir, nous avons essayé de l’ouvrir. Nous nous sommes
alors rendu compte que celle-ci était bloquée. Par la suite (après le
procès), grâce à des personnes restées à l’extérieur, nous avons eu la
confirmation que la porte avait été bloquée par les flics à l’aide d’une
barre de fer. Nous n’avons plus qu’eu à attendre que le GIPN ait fini
d’ouvrir la porte d’entrée.Au cours de l’arrestation, plusieurs personnes ont été
victimes de coups
par les "forces de l’ordre". A aucun moment les "17" n’ont tenté de
résister.

Trois de plus

A l’extérieur du bâtiment occupé 3 personnes ont été arrêtées et mises en
examen pour outrage, rébellion, détention d’image non-rendue publique...
le traditionnel dossier vide de faits mais plein de témoignages de flics.
Leur procès aura lieu le 20 mars à Strasbourg.Le vice-procureur Vannier qui
s’occupait de cette affaire s’est étalé dans
les média en parlant de "prise d’otage" et évoquant la peine de "cinq ans
de prison"...Les 17 participants, le 26 août après 2 jours de garde à vue et une nuit
en prison, sont passés en comparution immédiate pour "violation de
domicile" et "séquestration".

Des preneurs d’otages ?

Nous avons décidé de ne pas reporter le procès. Dès le début de
l’audience, un de nos deux avocats a plaidé l’incompétence du tribunal. En
effet, l’accusation de "séquestration" retenue par le parquet ne relève
pas du tribunal correctionnel mais des assises puisque la "libération"
s’est faite par les "forces de l’ordre". Le but était que la cour se
déclare incompétente et nous libère immédiatement. Finalement, la cour a
repoussé l’examen de cette requête au moment du délibéré, après le
déroulement normal de l’audience. Aucun des trois employé n’a porté
plainte. Une s’est portée partie civile en son nom et l’autre a bien
précisé qu’elle le faisait sur ordre au nom de son service. L’employée qui
voulait sortir, citée à témoin, a indiqué que sa sortie avait été empêchée
"par les forces de police"... Le deuxième employé témoin a dit se sentir
séquestré dans le sens où sa hiérarchie lui demandait de rester sur les
lieux pour effectuer une "mission secrète". Rappellons que le service
s’occupait du programme immobilier au ministère de la justice. Finalement,
le procureur a plaidé 4 mois de prison dont un ferme. Finalement, la cour
s’est déclarée incompétente, et nous avons été libérés. Le parquet a fait
appel de cette décision. C’est la cour d’appel de Colmar qui l’examinera
dans les prochains mois.0Au cours du délibéré de l’audience des "17", le parquet a
fait appel de
la condamnation d’Ahmed, vengeance du procureur.

Les "5" de St Etienne

Le 28 août à St Etienne, un concert de soutien aux "17" a eu lieu. A
l’issue de ce concert, 5 personnes ont été arrêtées. Elles sont passées en
audience de comparution immédiate le 30 août. Les peines sont :
- Nabyl : 4 mois de
prison ferme (outrage, résistance violente, violence
geste et menace sur agent de la force publique) ;
- Laurent : 4 mois dont deux ferme
(idem) ;
- Marie : 4 mois dont deux ferme (outrage, violence, geste et menace sur
agent de la force publique) ;
- Nicolas : 3 mois avec sursis et 600 Euros d’amende
(outrage, geste et
menace) ;
- Frédéric : 600 Euros d’amende (idem).

Au cours de sa plaidoirie, le procureur s’est permis de traiter certains
des accusés de "gens oisifs" et de "parasites"...

Les vautours arrivent

Ahmed est resté pendant 38 jours à l’isolement total, il en est maintenant
sorti. Néanmoins, il est actuellement placé dans le plus petit quartier de
la prison, les détenus de ce quartier ne rencontrent jamais les autres...
Du côté du parloir, sa mère l’a obtenu et son frère est en passe de
l’avoir. Il est à noter qu’après la médiatisation du cas d’Ahmed, des
parlementaires Verts, PC, LCR et LO sont allés le rencontrer, puisqu’il
s’agit d’un de leurs privilèges. Aucun n’a pris contact avec le Collectif
de soutien à Ahmed, par contre avec la presse...

Appel national

Le 17 septembre à 8H à Colmar, aura lieu une audience de remise en
liberté, le Collectif de soutien à Ahmed invite à un rassemblement devant
le tribunal. D’autre part, il sera rejugé devant la cour d’appel de Colmar
le 8 octobre à 8H30. A cette occasion, le collectif "Tant qu’il y aura des
frontières" et le collectif "Halte à la répression - Strasbourg" appelle à
une journée nationale contre la répression sur la base de l’Appel "Halte à
la répression", publié ici.

Nous ne nous laisserons pas terroriser !

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  • No Border

    Groupe : Divers - Rubriques : 22

  • répression

    Groupe : justice - Rubriques : 108

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