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Strasbourg

La préfecture interdit deux manifestations

Le mardi 19 avril 2005

Dans le Monde Libertaire du 21 octobre, nous avions présenté le "Collectif des trois frontières" qui appelait à une semaine d’action et de réflexion intitulée : "Pour la liberté de circulation et d’installation." Cette semaine d’action devait se dérouler à Strasbourg du 23 au 30 octobre.

Le Collectif des trois frontières, regroupant des organisations françaises, suisses et allemandes investies au côté des sans-papiers ou soutenant les sans-papiers, entendait attirer durant la semaine d’action, l’attention de la population sur la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les sans-papiers. Il entendait également dénonçer la répression dont sont vicitmes les sans-papiers.
Trois manifestations avaient été prévues durant la semaine, une première devant le SIS (Système d’Information Schengen), une autre sur le pont de l’Europe et pour finir, le même jour, la grande manifestation transfrontalière au centre-ville de Strasbourg. Mais la préfecture a interdit toutes les manifestations organisées par le collectif durant cette semaine. Pour justifier cette interdiction, la préfecture dans son arrêté a invoqué les liens du collectif des trois frontières avec le réseau "No Border" et bien évidemment le risque de "trouble à l’ordre public". Cette référence à "No Border" n’est pas innocente.

En effet, du 19 au 28 juillet 2001 a eu lieu à Strasbourg un campement organisé par le réseau européen "No Border" rassemblant deux milles personnes. Ce réseau lutte notamment pour la régularisation de tous les sans-papiers, l’abolition de toutes les frontières et la liberté de circulation et d’installation. Suite à des incidents au cours d’une manifestation organisée par "No Border", la préfecture avait déjà interdit toute manifestation. En pratiquant une confusion volontaire entre les actions du réseau "No Border" et le "Collectif des trois frontières", la préfecture à trouvé le prétexte pour interdire une nouvelle fois des manifestations à Strasbourg.

Finalement, seule une manifestation dans la ville allemande voisine, Kehl, a pu avoir lieu. Le dispositif policier fut tout à fait démesuré en regard du nombre de manifestants : une centaine. Nous avons pu constater que l’Europe des polices fonctionne très bien, flics allemands et français coopérant main dans la main. Afin d’éviter tout "trouble à l’ordre public", un cordon de flics longeait tout le petit cortège. Flics allemands et français, en tenue ou en civil n’ont cessé de prendre des photos durant toute la manifestation et la manifestation a été obligé de s’arrêter à mi-chemin sur le pont de l’Europe enjambant le Rhin entre Strasbourg et Kehl, toute manifestation étant interdite côté français !

C’est en rentrant de la manifestation que nous avons été arrêté en voiture à la frontière, c’est-à-dire sur le pont de l’Europe, par les flics. Ils ont d’abord procédé à un contrôle d’identité et sont ensuite passé à la fouille de la voiture. C’est à ce moment qu’ils ont trouvé nos drapeaux et qu’ils nous les ont confisqués pour éviter qu’on ne continue la manifestation "illégalement" en France. Quelques jours plus tard, nous récupérerons nos drapeaux au commissariat. Par la suite, nous avons appris que beaucoup de personnes présentes lors de la manifestation à Kehl ont subi un contrôle d’identité et une fouille à la frontière ; les flics cherchant du "matériel militants" avec comme prétexte de vouloir éviter que la manifestation ne se poursuive en France.

On est en droit de se demander pourquoi, dès que des organisations, partis ou des collectifs mettent au premier plan de leurs revendications la liberté de circulation et d’installation, ils doivent faire face à la criminalisation et à la répression de la part des autorités publiques. Pour nous, il semble évident que les interdictions préfectorales prononçées contre les manifestations organisées par le "Collectif des trois frontières" sont pour une grande part dû aux revendications portés par celui-ci. En prononçant ces interdicitions, la préfecture à en partie réussie à limiter l’expression du collectif et donc à empêcher le travail d’information que le collectif entendait entreprendre, notamment sur le SIS et sur le centre rétention de Geispelsheim. Manifestement, l’Etat n’aime guère qu’on parle de liberté de circulation et d’installation au point de déployer d’importants moyens policiers.

En conclusion, si les autorités publiques se montrent si répressives sur ce sujet c’est probablement que la liberté de circulation et d’installation soustend l’abolition des frontières et partant de là, la remise en question de l’Etat ; sans frontières, pas d’Etat. Ces événements ont également confirmé l’importance et la nécessité de lutter contre toutes les frontières, celles qui arrêtent les sans-papiers ou celles qui arrêtent les manifestations.

Groupe Juillet 1936 - Strasbourg

Article paru dans le Monde Libertaire

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  • sans-papiers

    Groupe : discrimination - Rubriques : 19

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