Le mardi 6 mai 2003
Nous sommes 25 personnes d’origine kurde et turque, qui ont entamé une grève de la faim depuis le 23 avril 2003. Nous avons vécu à des degrés divers, discriminations, persécutions et violences policières du fait de notre appartenance à la minorité kurde ou de nos convictions. Tous les mouvements démocrates, intellectuels, tous ceux qui défendent la dignité humaine et les droits de l’Homme sont considérés comme des terroristes en Turquie. Ils sont dans le collimateur de la police et des autres forces spéciales turques. C’est pourquoi nous avons fui notre pays et nous ne pouvons pas retourner en Turquie. Nous affirmons que notre expulsion vers la Turquie signifierait la torture, la prison voire la mort.
L’harmonie des lois turques dans la perspective de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne est purement formelle. La langue kurde demeure de fait interdite et le mot kurde reste tabou et ne figure même pas dans les textes officiels. Un récent article du Monde Diplomatique apporte d’ailleurs confirmation de cet état de fait : au Kurdistan turc, se revendiquer du peuple kurde est un délit et malgré la levée de l’état d’exception dans cette région, persécutions, discriminations et violences policières continuent sans cesse. Aujourd’hui, le peuple kurde est toujours privé de ses libertés fondamentales, comme le droit élémentaire à parler et enseigner sa langue, mais en plus, il figure parmi les premières victimes de la politique ultra-libérale du gouvernement. D’une manière générale, la Turquie ne peut toujours pas être considérée comme une démocratie : le statut d’objecteur de conscience, par exemple, n’y est pas reconnu.
Nous demandons au gouvernement français et à Monsieur le Préfet, son représentant dans notre région, qui en ont la possibilité légale de trouver une solution pour nous permettre de vivre au grand jour, dans la dignité, tout en travaillant.
Nous demandons la libération de nos 2 camarades détenus à Strasbourg.
Nous demandons le retour de notre camarade expulsée en Turquie où elle est actuellement en garde à vue.
Nous demandons à être régularisés sans exception.
Nous avons besoin de la solidarité de chacun.
Merci d’avance pour votre aide.
Les grévistes de la faim, place de Réunion à Mulhouse