Tout au long des six mois de préparation du campement,
l’objectif de
provoquer des connexions avec le milieu populaire strasbourgeois était
annoncé. L’idée de la caravane a poursuivi ce but. Nous souhaitions
associer les quartiers populaires strasbourgeois à la dynamique du
campement, mais aussi mettre en place un cadre permettant aux individus ou
groupes présents au campement d’intégrer leurs actions ou interventions.
Concrètement, il s’agissait d’aller à la rencontre des habitantEs en
proposant diverses animations pour enfants (atelier danse hip hop, échange
entre enfants des quartiers et enfants du camp, ateliers musicaux…), et
des expositions, projections vidéo et débats sur les thèmes de la « 
Justice en banlieue » (crimes policiers, crimes racistes, racisme
institutionnel, double peine, morts en détentions, persistance du rapport
colonial, …). Chaque jour aussi, un graff était peint sur le thème que
nous abordions.

Durant la caravane, nous avons eu le plaisir d’accueillir des membres du
FLIDD (Familles en Lutte contre l’Insécurité etles Décès en Détention), Pierre
Thévanian du « Collectif les mots sont
importants » et Rabah Ameur-Zaïmeche qui est venuspécialement pour présenter son
film "Wesh Wesh qu’est-ce qui se passe ?"
(projection gratuite en plein air au cœur du quartier de l’Elsau).

Malgré les
pressions subies par les centres socioculturels qui avaient
acceptés denous accueillir ou de nous soutenir matériellement, la caravane eue un
succès relativement important. Nous savons depuis longtemps que l’efficacité de notre
action politique dans les quartiers
dépend largement de la fréquence de notreprésence physique et de notre visibilité
dans ces quartiers. L’experience
de la caravane a bien confirmé cette idée. Le succès de la caravane a été
fonction de notre niveau de connaissance du quartier. Plusieurs jeunes des
quartiers où la caravane faisait une étape sont venus au campement et
certainEs plantèrent leurs tentes…c’est un des aspects très positifs de la
caravane.

Parallèlement, de nombreuses personnes (adultes et enfants) ou groupes
(tel la Samba Band de Londres) du campement nous ont accompagné tous les
jours dans les quartiers. La caravane « Justice en banlieue » a été pensée
comme une action ponctuelle dans une démarche qui ne peut s’inscrire que
dans le long terme. Le campement No Border passé, il s’agit pour nous
maintenant localement de pérenniser le travail accomplit avant et pendant
cet événement, pour continuer à susciter chez les habitantEs de ces
quartiers l’envie de réagir collectivement à l’apartheid social et/ou
racial qu’ils et elles subissent.