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L’Anarchie n°4

Une guerre pour quoi faire ?

Le octobre 2001

- 3000 Milliards de dollars de réserves de pétrole et de gaz en Asie centrale !
- Une région stratégique dans la quelle les Américains pourront s’implanter à long terme, comme ils l’ont fait au Moyen-Orient avec la guerre contre l’Irak.
- Un président (Bush II) élu à l’arrachée et grâce au soutien financier massif de compagnies pétrolières. Souffrant d’un grave manque de popularité et de crédibilité, il se retrouve subitement à la tête de l’union sacrée : le héros de la croisade du bien contre le mal, avec une côte de popularité de 80% !
- Un mouvement de contestation mondial contre les maîtres du monde qui commençait à prendre de l’ampleur (Seattle, Göteborg, Gênes etc.). Ils pourront maintenant l’étouffer et le réprimer au nom de l’union sacrée. * Un début de crise économique grave. Ses conséquences (licenciements massifs, misère, chômage) passeront maintenant sous silence.

Et les attentats dans tout ça ?

Les attentats atroces, qui ont coûté la vie à des milliers d’innocents n’auront donné que le prétexte qu’ils attendaient aux puissants. Des les premières heures, comme des vautours ils se sont précipités pour verser leurs larmes de crocodile, et pour appeler à une nouvelle croisade. La simple vue de tous ces politicards, faisant la surenchère de mièvreries hypocrites et d’élans patriotiques, était révoltante. Depuis quand se soucient-ils des gens qui crèvent, au Rwanda, en Irak, en Colombie, dans les ghettos aux USA, en Palestine ?

Le pétrole, le gaz et les pipelines

Les gigantesques ressources pétrolières et gazières d’Asie centrale ne sont actuellement pompées qu’en direction de la Russie et des ex-républiques de l’URSS. Depuis le milieu des années 90 les compagnies pétrolières ont commencé les grandes manoeuvres pour mettre la main dessus. L’enjeu majeur étant de pouvoir transporter ce gaz et ce pétrole vers les pays consommateurs. Les rivalités entre les puissances en jeu (USA, Russie, Iran, Républiques d’Asie centrale) font que la solution idéale pour les USA est de construire des pipelines à travers l’Afghanistan, vers les ports du Pakistan. Une entreprise américaine (UNOCAL) avait même commencé le tracé ($2,5 milliards prévus), et en passant avait soutenu les talibans. Mais les relations entre les USA et les Talibans (leurs anciens alliés et protégés) se sont gâtées à partir de 1998, et les USA ont commencé à parler de guerre. En juillet 2001 (2 mois avant les attentats !) des hauts fonctionnaires américains jugeaient qu’une guerre contre les Talibans était "inévitable". Une guerre pour le pétrole et le gaz... pas une guerre pour aider le peuple afghan, et encore moins pour venger des morts qui n’existaient pas encore !

Les Talibans

Pendant la guerre froide le camp occidental, aidé par le Pakistan, a entraîné et financé divers mouvements islamistes radicaux pour faire face à l’invasion de l’URSS. Plus ils étaient fanatiques, plus ils servaient la cause anticommuniste. Les Russes partis, les différentes milices (dont faisaient partie les groupes composant l’actuelle « alliance du nord ») se sontentretuées, et ont mis le pays à feux et à sang. Les USA, aillant besoin de stabilité et de sécurité pour leurs projets de pipelines, ont ensuite favorisé les Talibans qui promettaient de remettre de l’ordre dans tout ça. Mais ces fanatiques moyenâgeux ont tout gâché...

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Le peuple afghan : la victime

Toutes ces années de guerre ont été une descente dans l’horreur pour le peuple afghan. Alors qu’une famine terrible s’annonçait déjà, les USA ont ajouté les bombes, l’exode, et plus de réfugiés. Les femmes afghanes vivent un martyr quotidien. Pendant ce temps les médias pratiquent la désinformation à outrance, et nous montrent les derniers gadgets de la mort, comme s’il s’agissait d’un jeu vidéo.

Une guerre injustifiable

Pour nous, cette guerre n’a rien d’humanitaire, et n’a rien d’une riposte contre les attentats. C’est une guerre pour des intérêts économiques et stratégiques. Nous condamnons à la fois l’intervention militaire et les Talibans. Nous condamnons aussi l’ « alliance du nord », qui n’est qu’une alliance provisoire de certains groupes de milices rivales, plus ou moins intégristes, qui avaient étés chassés par les talibans. Celles ci avaient participé aux massacres pendant la guerre civile. Nous condamnons toutes les ingérences étrangères en Afghanistan. La seule solution juste ne peut venir que du peuple afghan lui-même, libéré des ingérences extérieures.

Mais alors, que faire ?

Désobéir à tous ceux qui décident en notre nom de tuer des hommes, des femmes exploités et opprimés. Agir, ici et maintenant pour en finir avec la barbarie économique, étatique et religieuse. Agir, pour que ni les politiciens, les patrons, et les religieux ne décident ce qui est bon ou mauvais pour nous et pour le monde. Agir pour plus de liberté pour les individus, plus d’égalité sociale, pour la justice...

Agir, parce que pour supprimer la misère et l’oppression, il faut changer la société.
Ici et maintenant, occupons -nous de nos affaires !

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Références :

- « Les réserves prouvées de l’Azerbaïdjan, du Kazakhstan, du Turkménistan et de l’Ouzbékistan réunies, totalisent 15 milliards (Md) de barils de pétrole, 9000 Md m³ de gaz, soit environ $3000 Md »,Commission parlementaire US, 3/1999
- Central asia : A survey, The Economist, 7-13/2/1998
- Ahmed Rashid, Islam, Oil and the New Great Game
- John Lloyd, Battle Lines Drawn over Caspian Oil and Gas, Financial Times, 3/3/1995
- Hervé Kempf, Jusqu’en 1998, les États-Unis ont été les maîtres d’oeuvre des projets gaziers des talibans, Le Monde, 21- 22/10 /2001
- D. Gallois et M. Jego, L’exportation des hydrocarbures, sujet stratégique majeur pour l’Asie centrale, Le Monde 20/10/2001

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  • guerre

    Groupe : international - Rubriques : 21

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