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Italie

Solidarité avec les antifascistes !

Le lundi 3 juillet 2006

À Turin s’ouvrira le 27 juin le procès à charge des antifascistes arrêtés et dénoncés pour dévastation ou pillage suite à la manifestation du 18 juin 2005. Pour ce jour là, les antifascistes en procès ont lancé un appel à la solidarité :

C’est l’État, le dévastateur !

Il y a un an, dans la nuit du 11 juin, à Turin un escadron fasciste armé de couteaux et bâtons s’introduisit dans la maison occupée Barocchio :

deux anarchistes furent poignardés. L’un d’eux, l’intestin traversé d’une lame, dut être opéré d’urgence. C’est seulement par chance qu’il n’y a pas eu un mort. La semaine suivante, le 18 juin, un cortège de dénonciation fut chargé à la rue Po par la police qui mit deux manifestants en état d’arrestation. Un mois après, encore d’autres arrestations. Au total 10 antifascistes, qui passeront quelques semaines en prison et, en bonne partie, cinq autres mois assignés en résidence à domicile. Pendant la fuite consécutive à la charge de police furent endommagées quelques tables et chaises de bar ainsi qu’une vitrine. Tout ceci a valu l’accusation de "dévastation et pillage" : un délit qui coûte de 8 à 15 ans de réclusion. Nous sommes face à un véritable détournement politique du droit : de simples "endommagements" donnent lieu à une accusation digne d’une période de guerre, de cataclysme.

Le 27 juin commencera le procès des 10 antifascistes turinois. Ce procès a une valeur qui va bien au-delà de la Mole [NdT : La « Mole Antoniana » est un grand édifice historique de Turin]. Le délit pour lequel ils sont poursuivis et pour lequel ils risquent des longues années de détention est, intrinsèquement, un délit de nature collective, puisqu’il va au-delà des responsabilités individuelles. L’accusation de "dévastation et pillage" manifeste la claire volonté de criminaliser les manifestations publiques. Il n’y a aucune preuve à charge des 10 copains. Mais qu’importe ? À entendre le Ministère Public, l’intention suffirait. Et qu’il y avait l’intention, ils le déduisent des biographies politiques rédigées par les fonctionnaires de police. Autrement dit : ils sont coupables parce qu’anarchistes ou opposants, bien au-delà de la responsabilité individuelle concernant les faits dont ils sont accusés.

Face aux violences fascistes, aux vols des ressources et des biens communs, à l’exploitation sauvage, au racisme qui se fait loi, à la guerre et au militarisme, des millions d’hommes et de femmes sont descendu dans les rues ces dernières années. En Italie, il y a 9000 procédures en cours contre les protagonistes des luttes sociales. Qui s’oppose à l’injustice et à l’oppression finit dans le viseur de la police et de la magistrature.

Depuis des mois, notre région est en train de vivre en état de siège :

dégagements, arrêts, répression des révoltes au CPT [NdT : « Centro di Permanenza Temporanea » = centre de migrants clandestins], violence contre le « No TAV » [NdT : Mouvement d’opposition au chantier du TGV Lyon-Turin]. Personne ne doit déranger les promoteurs de la ville-Luna-park, qui recycle les espaces de la ville-usine et en même temps imagine une ville-port-de-terre, qui est le centre d’un système d’échanges rapides (TAV) et riches d’attraits pour les voyageurs de passage. Ce sont des milliards (d’euros) en jeu et personne ne doit se mettre en travers. Personne ne doit dénoncer le lucratif enchevêtrement entre politiciens, affairistes amis de politiciens, et magistrats des couleurs les plus diverses qui ont décidé de garantir la tranquillité aux affaires. Personne ne doit s’opposer au pillage des biens communs et à la dévastation de l’environnement. Autrement il risque de se retrouver à la barre, accusé de dévastation et pillage.

Si le théorème des magistrats turinois devait passer, les premiers à payer seraient nos copains, mais vite après ce serait le tour des habitants du Val Susa [NdT : entre le col du Mont Cenis et Turin], des antifascistes milanais incarcérés le 11 mars et de quiconque manifesterait publiquement son opposition à l’ordre établi. Les antifascistes arrêtés à Milan pour la manifestation du 11 mars contre l’indécent défilé fasciste dans le centre-ville sont accusés de "dévastation et pillage". Les « No TAV », qui le 8 décembre à Venaus, en Val Susa, se réapproprièrent les terrains évacués avec violence par les pilleurs et les dévastateurs du lobby TAViste, sont poursuivis pour "dévastation et pillage". Avec ce délire juridique on veut frapper et criminaliser la simple participation aux manifestations, on veut attaquer la liberté de participer activement aux luttes en exprimant ses idées.

Pour le 27 juin, les antifascistes sous procès ont lancé un appel à la solidarité.

Tutti al tribunale !

L’antifascismo non si arresta.

Texte traduit (par Xavier et Evelina)

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