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Ni Europe ni frontières révolution sociale et libertaire

La manifestation anarchiste contre le sommet européen du 15 décembre 2001

Le décembre 2001

Les 13, 14 et 15 décembre, Bruxelles a été le siège de manifestations anti-globalisation. En marge du sommet réunissant les dirigeants de l’Union Européenne, les divers composants de "l’anti-mondialisation" ont à nouveau manifester leurs désaccords avec les politiques menées par les grandes puissances mondiales. Après les syndicats le jeudi, les mouvements citoyens le vendredi, les anarchistes appelés à un rassemblement le samedi.

Première mobilisation après Gênes et son cortège de violences policières. Première démonstration d’opposition internationale après les attentats du 11 septembre et les tentatives de nouvelle bipolarisation du monde par les chefs de guerre - qu’ils soient capitalistes-intégristes ou intégristes- religieux.
Nous, anarchistes, avons une fois encore pu mesurer l’hostilité que notre radicalisme suscite au sein même des antis. Les organisateurs du D14 (entre autre le- stalinien - Parti des Travailleurs Belge) avaient décidé d’appeler à un autre rassemblement le 15, afin de ne pas laisser la place aux anars. Bien qu’ils soient parvenus à attirer dans leur cortège certaines centrales anarcho-syndicalistes (CNT, CGT espagnole, SAC ?), la si "mythique" unité libertaire semblait devoir se manifester ce samedi. C’est en tout cas ce que le groupe de Strasbourg de la FA a ressenti en ce bel après-midi de décembre.

Arrivés à Bruxelles vers 11 heures, nous avons pris la direction du Centre Culturel Libertaire afin d’établir le contact. Dans le local, un peu exiguë pour l’occasion, une cinquantaine de personnes discutent. Nous prenons quelques nouvelles des événements de la veille. Nous apprenons que des squats ouverts ces jours-ci ont été "nettoyés" par la police. Avant de rejoindre la Porte de Hal, lieu de départ de la manifestation, un membre de la FA nous demande de noter nos noms sur un carnet. Cette précaution permet de vérifier plus facilement en fin de manif d’éventuelles arrestations.
Au pied de la Bastille de l’autre capitale européenne, de petits groupes commencent à se rassembler. Les "Legal Team" nous distribuent des plans de la ville et dispensent quelques conseils juridiques. Avant même le début de la démonstration, nous constatons que les organisateurs n’ont rien laissé au hasard.
14h, sans trop de retard, le cortège de 2000 personnes s’élance. Le nombre de manifestant est plus important que prévu (la police attendait 6 à 700 personnes et la Coordination Anarchiste Européenne près de 1000). Des drapeaux par centaines, des anars par milliers ! Cela fait chaud au cur. En parcourant le rassemblement, on entend résonner la diversité des langues : français, anglais, allemand, italien, hollandais, espagnole Les gens sont venus de partout ! Hormis la CNT, la CGTe et la SAC, toutes les orgas anars sont présentes. La manif est dynamique. Les slogans fusent : "Ni dieu, ni maître, ni nationalité", "Ni Europe, ni frontière, révolution sociale et libertaire", "Les papiers ont s’en fout, on veut plus d’frontières du tout" Celui souvent lancé par Attac - "à ceux qui veulent dominer le monde, le monde répond résistance" - trouve une nouvelle force en devenant "à ceux qui veulent dominer le monde, le monde répond révolution". Bien qu’active, la manifestation demeure festive et non-violente. Ca fait plaisir d’entendre et de gueuler des slogans anars sans avoir à faire de concessions vis à vis d’autres organisations. D’autant plus que les formules sont reprises d’un bout à l’autre du cortège, sans guerre de chapelle.
Nous remarquons que, comme nous, les manifestants sont organisés par petits groupes affinitaires. Plusieurs groupes constituant alors un cortège dans le cortège. Aucun service d’ordre n’est présent et tout le monde fait attention. Les membres de la Legal et de la Medical Team sont bien visibles et d’une grande efficacité (nous avons testé celle du Medical Team à cause d’une crampe capitaliste à la jambe d’un camarade).
La manifestation parvient sans incident jusqu’au Square des Blindés. C’est ici que la démonstration prend officiellement fin, bien qu’il soit prévu de rejoindre la Street Party près de la gare du Midi. Si aucun incident n’est à déplorer, c’est que la manifestation sillonnait les quartiers populaires. Nous préférions aller à la rencontre des exploités plutôt que des exploiteurs. Est-il vraiment intéressant d’aller se frotter à la zone rouge alors que le rapport de force avec les "bleus" n’est pas en notre faveur ? Il semble aussi important de pouvoir montrer que les anarchistes ne sont pas uniquement des casseurs !
Pour rejoindre la Street Party, le cortège se dirige vers des rues plus commerçantes. Les condés nous bloquent. Quelques pavés volent. Des flics en civils sont chassés de la place. La configuration du lieu en fait une véritable souricière. Tout le monde discute pour savoir comment réagir. Une lacrymo est lancée. Refusant la confrontation directe avec les forces de l’ordre bourgeois, nous faisons demi-tour. C’est un peu le bordel. Après un petit instant de flottement, la manif repart en sens inverse, avant que les keufs ne se déploient derrières nous. Nous rejoignons les quais et prenons la direction de la gare où la Street Party doit commencer. Une fumée noire nous fait penser qu’un cocktail Molotov a été lancé. Quelques charges policières ont lieu en queue de manif.
A ce moment, nous estimons à 3000 le nombre de manifestant (selon des témoignages sur Indymedia, 5000 !). Le Black Block semble être apparu comme par enchantement. Un car avec sono ferme maintenant le cortège. Les groupes de BB s’en prennent alors aux caméras de vidéos surveillance qui jalonnent le parcours, ainsi qu’à quelques Mercedes et autres BMW. Les manifestants expriment leur soutient en applaudissant lorsque les caméras tombent sous les coups des "Blocks". Par contre, certains n’hésitent pas à faire entendre leur désaccord avec le "caillassage" de vieilles Mercedes appartenant plus sûrement à de pauvres travailleurs qu’à de riches industriels. Les BB vont alors se concentrer sur les yeux de Big Brother et sur une banque dont les vitrines ne résisteront pas aux coup de barre et aux pavés !
Nous apprécions que les Blacks Block ait attendu la fin de la manif officielle pour entrer en action. Ils n’ont rien fait durant la manif qui se voulait non-violente. Lors de leurs actions, ils ont également su respecter la volonté de la majorité des autres manifestants. Pas besoin de service d’ordre pour les canaliser, ils sont assez responsables.
La jonction se fait avec la Street Party. Une petite charge policière a lieu rapidement. Mais ça se calme très vite. Peu de temps après nous devons quitter le cortège pour rejoindre le car qui nous ramènera en France. Ici les manifestations semblent être passées inaperçues. Les JT n’en ont pas fait mention Pas assez de cette violence qui brouille le message médiatique des anti-mondialisations ?

Centre Culturel Libertaire de Bruxelles : 65 rue du Midi, 1000 Bruxelles - (0032) 0 485 / 93 66 63

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