Accueil > Tracts > Les séquestrer, ou bien se passer d'eux ?
  •   |   {id_article}  |  
      |  
  • Article

Tract fédéral

Les séquestrer, ou bien se passer d’eux ?

Le jeudi 23 avril 2009

"Oui, il y a une forte colère qui s’exprime dans notre pays, oui, il y a un risque révolutionnaire en France". Ces mots auraient pu être prononcés en 1788 par un ministre de Louis XVI, ou en 1870 par Michel Bakounine, mais ils sont on ne peut plus actuels, en effet leur auteur n’est autre que De Villepin, qui s’y connait en matière de fraternité avec les classes laborieuses, puisqu’il avait voulu refiler le CPE à la jeunesse de ce pays. Ceci dit, comme observateur de la vie sociale, il ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes, car la réalité est bien pire que ce que veulent bien nous laisser croire les grands médias : ça pète de partout. Ce sont plus de mille conflits sociaux qui se déroulent actuellement en France, soit des dizaines de milliers de travailleurs du privé comme du public ; on connaît les plus emblématiques : SBFM à Caudan, Continental à Clairois, Molex, 3M, Sony, Heuliez, Caterpillar à Grenoble ; on sait que les constructeurs automobiles et leurs sous-traitants sont au cœur de la tourmente, et que les fonds publics ne servent qu’à préparer une productivité toujours croissante, alors que dans le même temps on prépare psychologiquement tous les chômeurs, les lourdés et ceux qui ne le sont pas encore à devoir accepter des baisses de rémunération de 30%, on les amène en douceur à se faire à l’idée de devenir auto-entrepreneur, c’est-à-dire une forme actualisée de la condition de journalier.

Dans ces conditions, on comprend que les crispations deviennent la règle, que revienne le temps joyeux des séquestrations de dirigeants d’entreprise, des occupations, voire même des saccages de sous-préfectures, la Fédération anarchiste y voit des actions de légitimes défense : ceux qui sont violents, ce ne sont pas les ouvriers de Caterpillar qui bloquent leur taule, mais bien ceux qui foutent sur le carreau plus de 700 d’entre eux.

Au demeurant, si la situation actuelle a une vertu pédagogique, c’est bien de montrer quel rôle joue l’Etat dans la vie sociale : ce sont des jugements en faveur des patrons, des promesses de répression (décret anti-cagoule en manif, Sarko nous veut transparents et dociles) ; tous ceux qui pensent que l’Etat est un gentil régulateur des conflits sociaux habité par un fort sentiment d’équité en sont pour leurs frais, les cognes frappent sans discernement. Gageons que la brutalité policière de Strasbourg pendant le sommet de l’Otan n’est qu’un faible aperçu de ce qui peut nous tomber dessus…

Face à la barbarie du Capital et au comportement autoritaire- le masque tombe- de l’Etat, les forces politiques parlementaristes offrent un spectacle pitoyable : c’est un PS, à l’instar de la CFDT, qui a pour toute ambition de rechercher les meilleurs reclassements possibles et qui pas un instant ne remet en cause la pertinence des licenciements, pas plus qu’il ne se rappelle qu’il a pu avoir été opposé à la propriété privée des moyens de production. Plus à gauche, que font le PCF, le Parti de Gauche, le NPA, LO, le POI, en demandant l’interdiction des licenciements, si ce n’est demander de bons patrons pour la classe ouvrière, qui accepteraient d’abandonner quelques miettes pour que tout continue comme avant, l’Etat représentant pour eux le nec plus ultra en matière d’employeur !

De leur côté, les hiérarchies syndicales ont accouché pour toute réponse à la gravité de la situation d’un « premier mai offensif » , le patronat tremble dans ses escarpins et le pouvoir fait dans son froc ! A qui fera-t-on croire à l’efficacité d’une telle sornette ?

Nous sommes à un tournant de l’histoire : le capitalisme montre désormais clairement qu’il est une machine à fabriquer la misère, l’exploitation, l’aliénation, mais il réussit encore à faire croire qu’il est le seul système possible… Et pourtant, des lieux de production qui fonctionnent sans patron, sur le mode de la gestion directe, comme en Espagne en 1936, ou plus récemment en Argentine, ne peuvent pas faire pire que ce qui se fait actuellement ! Et pourtant, débarrassés des parasites qui prélèvent les profits, et de la pieuvre qui prélève les taxes pour entretenir les flics et l’armée, ceux qui n’ont rien pourraient vivre décemment, mettre sur pied des services publics gratuits et des solidarités égalitaires !

Bien évidemment, les puissants de ce monde ne se laisseront pas déposséder sans réagir de l’immensité de leur richesse, et seul un mouvement social généralisé, expropriateur, gestionnaire et international est à même de faire bouger les choses, alors, si au lieu de séquestrer les patrons, on les foutait à la porte ?

Fédération Anarchiste

  • Mots-clés : 3 (triés par nom)
  • grève

    Groupe : social - Rubriques : 54

  • lutte des classes

    Groupe : social - Rubriques : 49

  • patron

    Groupe : social - Rubriques : 4

  • Haut
Suivre la vie du site RSS 2.0 | SPIP | Mgs MGS | Fédération Anarchiste FA